S’il y a une chose que l’on peut louer chez Edouard Deluc, c’est de ne filmer que la période tahitienne du peintre (la plus importante), quand il quitte femme, enfants et la France (“paysage usé où il n’y a plus rien à peindre”, dit-il dans le dialogue le plus marquant du film et que semble s’approprier Deluc), pour […]
Portrait morne et convenu du peintre exilé dans le Pacifique.
S’il y a une chose que l’on peut louer chez Edouard Deluc, c’est de ne filmer que la période tahitienne du peintre (la plus importante), quand il quitte femme, enfants et la France (“paysage usé où il n’y a plus rien à peindre”, dit-il dans le dialogue le plus marquant du film et que semble s’approprier Deluc), pour se consacrer à son art au contact de l’île du Pacifique.
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Là, il rencontrera les soucis financiers, mais aussi sa compagne et muse qu’il peindra jusqu’à sa mort. Il ne s’agit évidemment pas de juger les choix de Gauguin, dont la postérité a prouvé qu’ils étaient les bons artistiquement, au prix de la souffrance des siens, mais de constater que la vie d’un grand artiste ne fait pas forcément un bon film. Les péripéties vécues par le peintre à Tahiti ne suffisent pas à capter notre intérêt même si elles furent l’écrin de son inspiration.
Un refus du spectaculaire
Or l’inspiration est un processus invisible et quasiment infilmable, de même que l’imitation du geste du peintre ne nous renseignera jamais sur le mystère du génie d’une œuvre. Deluc se heurte à cette double impossibilité et il ne lui reste plus qu’à filmer le tissu trivial du quotidien de Gauguin : problèmes d’argent, de cœur, solitude, désir, jalousie, maladie…
On peut apprécier en théorie ce refus du spectaculaire mais l’ennui finit par dominer. L’émotion surgit à la fin, quand apparaissent les toiles du peintre. CQFD : la peinture de Gauguin demeure beaucoup plus puissante que le film qui lui est consacré.
Gauguin – Voyage de Tahiti d’Edouard Deluc (Fr., 2017, 1 h 42)
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