Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, A Ciambra, second long métrage de Jonas Carpignano, 33 ans, a, comme son premier, Mediterranea (2015), d’abord été pensé comme un court, réalisé en 2014. A l’instar de Mediterranea, il se déroule dans les communautés des laissés-pour-compte de la ville portuaire de Gioia Tauro en Calabre. Si le premier […]
La lutte d’un ado rom dans une ville de Calabre. Documenté, intense et âpre.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, A Ciambra, second long métrage de Jonas Carpignano, 33 ans, a, comme son premier, Mediterranea (2015), d’abord été pensé comme un court, réalisé en 2014. A l’instar de Mediterranea, il se déroule dans les communautés des laissés-pour-compte de la ville portuaire de Gioia Tauro en Calabre.
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Si le premier se concentrait sur un Burkinabé rescapé de la traversée, A Ciambra opère un déplacement vers une communauté rom où vit la famille Amato. Quand le père et le frère aîné sont arrêtés, le patriarcat repose sur les épaules encore trop étroites du petit Pio, 14 ans, qui va enchaîner petits larcins et rapines pour satisfaire son autoritaire grand-mère.
Un art de l’immersion qui rappelle les Dardenne
En quatre films (deux courts et deux longs), Jonas Carpignano a fait des communautés clandestines de Gioia Tauro et de leur héros, Koudous Seihon pour Mediterranea et Pio Amato pour A Ciambra, les muses de son cinéma social. Comme si le cinéma ne pouvait trahir le réel qu’il a mis en place d’un film à l’autre, chacun se déploie dans des lieux identiques (foyer d’immigrés, friches urbaines et boîtes de nuit) et les deux acteurs (non professionnels) se rencontrent dans les deux films.
L’art du diptyque, ici élégamment exécuté, se double d’un art de l’immersion qui rappelle les Dardenne. Caméra portée, improvisations et longs plans-séquences documentent au plus près l’agitation qui anime le visage de l’adolescent projeté dans la société des adultes sans en avoir assimilé les règles, feignant l’expérience quand c’est l’angoisse d’être au monde qui domine.
A Ciambra de Jonas Carpignano (It., 2017, 1 h 58)
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