Nous avions rencontré les quatre Nantais, grands gagnants des Victoires de la musique 2013, à quelques jours de la sortie de « Tetra », pour un numéro des Inrocks spécial Nantes.
La bande originale de l’automne est nantaise : avec Down the Road, le groupe C2C vient de signer le tube electro de la saison, un titre qui occupe déjà les ondes françaises et dont on parie qu’il sera bientôt perçu à l’étranger comme l’hymne radieux d’un certain renouveau de la French Touch.
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Le single illumine Tetra, un premier album dont les quatre géniteurs – 20Syl, Greem, Pfel et Atom – ont mis presque sept ans à accoucher, occupés par la carrière florissante de leurs projets parallèles (Hocus Pocus et Beat Torrent) et par les compétitions.
À quatre reprises en effet, les Nantais ont été sacrés champions du monde de DMC (Disco Mix Club), championnat international de DJ hip-hop sur platines vinyles, aussi appelés turntablists. “Mais tout a commencé ici, à Nantes, rappelle Atom. On s’est rencontrés au lycée, on a formé le groupe ici et on travaille toujours à Nantes.”
Dans la cité des Ducs de Bretagne, les garçons, passionnés par les travaux de DJ Premier ou Q-Bert, s’immergent dans la culture hip-hop des années 90 : ils fréquentent les disquaires spécialisés de la ville, comme Black & Noir ou encore Oneness Records, tenu par un DJ qui rapporte des raretés et des disques collector de rap de ses voyages au Japon et aux États-Unis. “À cette époque, il y avait un vrai dynamisme hip-hop à Nantes porté par des groupes locaux comme S.A.T, Soul Choc, Dimension Eskartel. Issus de quartiers différents de la ville, ils se réunissaient autour d’une énergie commune. Ils ont notamment monté le festival Energ’hip hop, on y faisait des battles de DJ.”
Le festival n’existe plus mais l’histoire continue avec la T.K.O, événement annuel local, qui prolonge ces battles de DJ et que C2C parraine désormais. “L’identité musicale nantaise, c’est peut-être une certaine ouverture d’esprit. On constate souvent que les groupes parisiens appartiennent à des familles musicales fermées. À Nantes, la taille de la ville fait que les passerelles se font plus rapidement entre les genres. On est moins nombreux, on se connaît tous, on se retrouve à un carrefour de plusieurs genres musicaux. On fréquente aussi bien les acteurs du hip-hop que ceux de la scène rock. Certains d’entre nous ont commencé dans des groupes garage d’ailleurs.”
Cet état d’esprit a inspiré à C2C des collaborations variées : sur Tetra, on croise aussi bien le rappeur américain Pigeon John que le crooner scandinave Jay-Jay Johanson ou les guitares des Français de Gush. Si ce casting est allé piocher un peu partout dans le monde, c’est bel et bien à Nantes que l’album a été façonné, dans le studio personnel de 20Syl en banlieue sud. “C’est très important pour nous de travailler ici, dans de bonnes conditions et sans les contraintes financières qu’on pourrait avoir à Paris. Ici, on a le temps d’aller au bout des choses, de penser à chaque détail.”
Outre les avantages du studio, C2C a longtemps bénéficié du soutien des structures nantaises, et le succès du groupe, au-delà des frontières de la ville, apparaît aujourd’hui comme le symbole du dynamisme culturel de Nantes. “Cette ville offre des possibilités infinies à ceux qui portent un projet artistique. Il y a toute l’aide que peut apporter la Fabrique et notamment le travail gigantesque de l’association Trampolino, qui soutient la scène locale en mettant à disposition des studios de répétitions ou en permettant l’enregistrement de maquettes… Il y a également tous les bars du Hangar à Bananes, et bien évidemment Stereolux avec ses deux salles et ses concerts quasi quotidiens. En dehors de la ville, on a aussi été beaucoup aidés par le Terminus 3 à La Chapelle-sur-Erdre, la Maison des arts de Saint-Herblain, la Baraque à sons à Rezé.”
Fort de cette structure, C2C a pu développer une technique singulière : contrairement aux DJ traditionnels, qui piochent dans le répertoire des autres, les membres de C2C composent leurs propres sons pour mieux les sampler par la suite. Leur travail de turntablists se décline ainsi en deux temps : composer d’abord, déstructurer ensuite. Séduisant sur album, ce savoir-faire éblouit sur scène, avec un show ahurissant à la scénographie visuelle très forte. Fin août, C2C clôturait la première journée du festival Rock en Seine, en région parisienne. Dans quelques jours, il illuminera l’affiche du festival Scopitone. Jean-Marc parti, Nantes tient là ses nouveaux superhéros.
Concert : le 21 septembre à la Friche Electro (Scopitone), avec Gesaffelstein, Club Cheval…
Numéro spécial Nantes en vente mercredi 12 septembre dans la région Pays de la Loire et sur iPad ou sur la boutique des Inrocks. Au sommaire : C2C, Nantes après Ayrault, Les sorciers de l’université, les bonnes adresses, etc.
Le 18 septembre à Stereolux, les inRocKuptibles fêteront la sortie de ce numéro lors de la soirée d’ouverture du festival Scopitone. Retrouvez les performances de Ryoichi Kurokawa, Robin Fox et Projet EVA, ainsi qu’un DJ set de Johanna Seban, journaliste aux inRocKs. Toutes les informations sur cette soirée gratuite à cette adresse.
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