Dans la lutte contre le téléchargement illégal, les studios russes Mosfilm parient sur l’ouverture : leur site Internet diffuse gratuitement des classiques de leur catalogue.
L’équivalent en France ou aux Etats-Unis semble impensable. Imaginez les studios Universal créer une plateforme Internet pour diffuser des titres classiques de leur catalogue en téléchargement gratuit ou à prix très réduit.
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C’est l’idée des mythiques studios Mosfilm, leader de l’industrie cinématographique russe depuis 85 ans et désormais meneur de la lutte positive contre le téléchargement illégal. Mis en ligne en avril dernier, le site propose aujourd’hui près de 500 films du catalogue, dont une partie en streaming disponible dans une formule ludique de salle de cinéma virtuelle.
Découvrir des classiques ou des films rarement édités
Au-delà de la simple performance 2.0, c’est aussi un évènement cinéphile qui permet la (re)découverte de classiques ou de films rarement édités. Depuis sa fondation en 1920, Mosfilm a produit près de 2500 longs-métrages et participé à toutes les évolutions du cinéma russe. De nombreux chefs-d’œuvre du pays, tournés par ces studios, sont aujourd’hui visibles sur Internet : Le Cuirassé Potemkine et Alexander Nevsky de Sergueï Eisenstein, Quand passent les cigognes de Mikhaïl Kalatozov, ou les films d’Andreï Tarkovski (Le Miroir, L’Enfance d’Ivan, Solaris…).
Le site offre un tour d’horizon complet de l’histoire cinématographique russe : des films de propagande des années 30 ; des comédies du dégel façon Eldar Riazanov (The Carnival Night) ; quelques fleurons des sixties (I Walk Around Moscow, prix de la mise en scène à Cannes en 1964, July Rain de Marlen Khoutsiev).
On y trouvera aussi l’intégralité de l’épopée sur la Seconde Guerre mondiale de Youri Ozerov (Libération), et certaines bizarreries de la pérestroïka, dont La Ville Zéro de Karen Chakhnazarov et l’essai post-apocalyptique Kin-dza-dza !
Des salles virtuelles
Si certains de ces films ne sont disponibles qu’en version originale sous-titrée en anglais, Mosfilm a aussi développé depuis peu une offre de sous-titre français, qui concerne pour l’instant 30 œuvres. Dans l’objectif de devenir une « Encyclopédie du cinéma russe », le site propose pour chaque film une fiche technique détaillée, un court synopsis et une série de photos de tournage. Les œuvres sont proposées dans des versions restaurées et disponibles en téléchargement pour 1,70 euros ou en streaming pour 0,70 centimes d’euros.
Les plus radins peuvent regarder gratuitement les films dans une des deux salles virtuelles que propose le site. Sur le modèle du récent moyen-métrage de Spike Jonze, I’m Here, Mosfilm diffuse deux films différents par jours à des horaires variables dans chacune des salles. La projection se fait alors en temps réel, sans pause. A terme, le studio espère diffuser sur Internet la quasi-totalité de son catalogue, avec un objectif de 800 films d’ici à la fin de l’année.
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