Dans le cadre de sa saison hors les murs, le Théâtre de la Ville présente trois œuvres de Bob Wilson dans différents lieux de la capitale, notamment Faust I+II au Châtelet.
C’est à un précipité faustien qu’invite Robert Wilson dans cette adaptation du chef-d’œuvre de Goethe intitulée Faust I+II : en seulement quatre heures, au lieu des vingt et une qui avaient été nécessaires à Peter Stein pour monter l’intégralité de la pièce en 2000, le maître américain conclut son expérience.
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L’apprenti sorcier de la scène internationale n’en présente qu’un quart, focalisant sur la figure de Faust, quadruple au départ, mais fusionnant de tableau en tableau en une seule et même entité méphistophélique. C’est avec une parfaite maîtrise du sujet que Wilson s’attaque au monument national allemand.
De ses mises en scène du mythe faustien (Gounod, Tom Waits et William Burroughs, Thomas Mann ou Gertrud Stein), il a fait du diable, comme en un long apprentissage, un compagnon de route, de la même façon que Goethe, qui débute l’œuvre alors qu’il vient d’être diplômé et l’achève au seuil de la mort.
On peut dire que Wilson invente son propre Faust, de manière fractale, recomposant l’œuvre originale comme une volée d’éclats de verre se réfléchissant les uns les autres, n’en dévoilant que les aspects étranges, suscitant le désir sans jamais l’assouvir.
Un coup du diable
Certes, avec Bob Wilson on voit, et depuis longtemps, le monde en cyclorama, des images parfaitement ciselées et bleutées, un monde d’épure à la géométrie parfaite, des personnages flottant dans l’espace comme désincarnés, mais là, et c’est peut-être un coup du diable, le langage scénique extrêmement reconnaissable de Wilson se charge d’une certaine sensualité, d’une ambivalence, jusqu’à même tenter la confusion et le désordre dans la seconde partie du spectacle.
Féerique, parfois flirtant avec une esthétique recolorisée de club SM des années 1980, toute de cuir et de rouge, cette version mise en musique par Herbert Grönemeyer a des accents très “kurtweilliens”, un petit air de cabaret traversé par des samples futuristes, pop et néobouddhistes.
Faust I+II de Goethe, adaptation Robert Wilson, du 23 au 29 septembre au Théâtre du Châtelet, Paris Ier, en allemand surtitré en français
et aussi L’Opéra de Quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill, du 25 au 31 octobre au Théâtre des Champs-Elysées, Paris VIIIe ; Letter to a Man, d’après le journal de Nijinski, du 15 décembre 2016 au 21 janvier 2017 au Théâtre de la Ville/Les Abbesses, Paris XVIIIe
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