On aurait tort de persister à ne voir en les Fiery Furnaces qu’une vague réplique sismique du tremblement de terre que les White Stripes ont fait subir à ce vieux caillou qui roule. La tentation du rapprochement était grande ? un gars une fille, frères et sœurs, tout le toutim d’un joyeux boucan asséné avec […]
On aurait tort de persister à ne voir en les Fiery Furnaces qu’une vague réplique sismique du tremblement de terre que les White Stripes ont fait subir à ce vieux caillou qui roule. La tentation du rapprochement était grande ? un gars une fille, frères et sœurs, tout le toutim d’un joyeux boucan asséné avec une juvénile ferveur ? sur leur premier album vite bouclé, vite bâclé de l’an passé. Mais dès Quay Cur, le premier titre de Blueberry Boat, c’est embarquement immédiat et sans boussole pour dix minutes d’une odyssée en mer déchaînée. Leur croisière s’amuse désormais à emboutir tout ce qui passe, pop n’roll et comédies musicales dévoyées, un zest de Kurt Weill dans le rhum du vieux Captain Beefheart, un barnum à la Fad Gadget et un plein chapiteau d’attractions sonores qui se bousculent, voltigent d’un bord à l’autre, entre inouï et pastiche, tels des trapézistes improvisant une figure inconsciemment dangereuse.
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Car, après cette entrée en matière plutôt copieuse, il reste encore quelque 66 minutes à dévaler sur le même rythme (bancal, féroce) pour ce qui s’achemine comme une totale mise en pièce des derniers dogmes du rock. Pas une chanson ne tient en place, aucun refrain ne s’accroche trop longtemps en mémoire sans se voir parasité par une idée plus neuve, un coup de rein ou de sang (ou de génie, parfois) qui fait tout basculer, un orgue qui déboule sans être invité, une bizarrerie psychédélique qui trouble l’audition. Cette féerie hors de tout carcan, parfois un peu longuette mais passionnante à décortiquer, est un peu le Smile lo-fi des années 2000, et on aura patienté moins longtemps pour s’y laisser engloutir.
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