Une dizaine de militants du collectif Ethique sur l’étiquette ont organisé un happening devant un magasin H&M à Paris hier pour dénoncer les conditions de travail des employés cambodgiens de la marque.
Couvés du regard par la boudeuse Lana Del Rey, dont la photo s’affiche en vitrine du magasin H&M situé au 54 boulevard Haussmann à Paris, une dizaine de manifestants munis de pancartes aux slogans chocs miment des évanouissements, se laissent doucement glisser par terre, les uns après les autres.
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Le happening lance la campagne « Made in Cambodge : le salaire de la faim » organisée par les collectifs Ethique sur l’étiquette et Clean Clothes Campaign pour exiger des marques textiles se fournissant au Cambodge le paiement d’un salaire décent à ses employés. En sus de H&M, trois grandes marques sont visées (Zara, Gap et Levi’s).
En 2011, 2 400 employés se sont évanouis dans les usines de confection au Cambodge. En cause : le surmenage (les ouvriers travaillent en moyenne 70h par semaine), et des salaires trop bas (66$, soit 51 euros, par mois) qui ne leur permettent pas de s’alimenter correctement. En 2010, l’industrie textile cambodgienne – qui emploie 300 000 personnes environ – avait été secouée par un important mouvement social portant sur les conditions de travail. Mais, depuis, rien n’a véritablement changé.
Un courrier-type à envoyer aux marques
Tout pourrait basculer avec la nouvelle campagne d’Ethique sur l’étiquette, qui ne se limite pas à une série de faux évanouissements orchestrés au niveau européen devant des enseignes de prêt-à-porter, comme l’explique Natalia Santos, chargé de mission du collectif :
« L’idée, c’est d’attirer l’attention des gens afin qu’ils aillent sur le site du collectif signer un courrier-type que l’on envoie aux marques. »
Une pétition personnalisée en quelque sorte, qu’Ethique sur l’étiquette utilise pour faire pression sur les marques, mais, aussi, pour « modifier les pratiques d’achat » des consommateurs, « pour faire en sorte que la logique du moindre coût ne prime plus« , souligne Nayla Ajaltouni. Pour la jeune militante, les consommateurs n’ont pas à redouter une hausse des prix consécutives à l’augmentation des salaires des ouvriers cambodgiens, affirmant :
« C’est à l’entreprise d’absorber cette augmentation. »
Le sablage des jeans
Créé en 1995, le collectif n’en est pas à son coup d’essai. Son dernier gros fait d’arme remonte à 2010 et sa campagne contre le sablage des jeans, un procédé visant à leur donner un aspect usé qui s’est révélé dangereux pour les ouvriers qui inhalaient des poussières de silice. La campagne s’est soldée par une victoire, Levi’s et H&M abandonnant l’utilisation du sablage.
Nayla Aljatouni espère que cette campagne-ci connaîtra une issue aussi heureuse. Mais tout dépend, selon elle, du degré d’investissement des citoyens.
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