Plus ambitieux que jamais, Florent Marchet reviendra en janvier avec un « Bambi Galaxy » passionnant, épopée géante entre science et fiction, entre l’infiniment intime et l’infiniment grand. Il s’explique.
De quelle idée initiale est venu le concept de Bambi Galaxy ?
Florent Marchet – Le concept vient d’une réflexion : pas plus qu’une autre espèce, l’humain n’est au centre de la vie, il n’est qu’un élément de la marche de l’univers. Il est très autocentré, et quand il parle de sauver la planète, la question est surtout de sauver sa peau. Ça rejoint les travaux du physicien Stephen Hawking, qui disait que le seul salut de l’être humain était le départ de sa planète. Mais je me suis aussi intéressé aux passerelles entre l’infiniment grand et l’infiniment petit. Tout ce qu’on est en train de découvrir à propos de la plasticité du cerveau m’a, par exemple, intéressé. Il y a un cosmos intérieur encore largement inexploré, et ça me fascine, la prochaine conquête ne sera peut-être pas l’espace mais cet univers intérieur. J’ai aussi commencé à aborder la physique quantique, mais avec un regard poétique. Tout est fait des mêmes particules, une particule peut être à deux endroits à la fois : c’est difficile pour nous de comprendre ça, le cerveau n’y est pas préparé. Chaque chanson a un thème précis, parfois scientifique, religieux, mais elles sont toutes ancrées dans le monde contemporain, dans le déclin du monde ultralibéral et dans la recherche d’autres propositions.
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Tu parles de Stephen Hawking, mais on trouve aussi des références à des choses beaucoup plus pop, comme 2001, l’odyssée de l’espace ou Soleil vert.
J’ai toujours été versé dans l’anticipation. Je suis très fan de La Planète sauvage de René Laloux, qui parle déjà de cosmos intérieur et de la place de l’homme dans le cosmos, puisqu’il n’est en quelque sorte que l’animal de compagnie d’une autre espèce… Beaucoup d’autres films m’ont marqué : Take Shelter de Jeff Nichols, Melancholia de Lars von Trier. J’ai aussi revu La Guerre des mondes, le Metropolis de Fritz Lang, ainsi que, effectivement, 2001 de Kubrick, à côté duquel j’étais totalement passé quand j’étais môme.
Il y a quelque chose de houellebecquien dans ces nouveaux textes…
On s’est écrit quelques mails, on a un peu parlé au téléphone… J’avais besoin de son regard, je savais que j’étais sur des thématiques un peu casse-gueule, et je me suis rendu compte que j’explorais des thèmes qui étaient parfois proches de ceux qu’il avait abordés. Il m’a rassuré. Sa grande modernité vient de là : il a été le premier à faire entrer la physique quantique dans la littérature. Il y a aussi un titre que j’ai coécrit avec Daniel Tammet. Il est atteint du syndrome d’Asperger et a écrit plusieurs livres, dont Je suis né un jour bleu. C’est très beau, il voit la vie d’une manière totalement différente de la nôtre. Pour lui, chaque chiffre, chaque nombre premier a une histoire, une couleur, une émotion et je lui ai demandé la signification de chacun d’eux sur un morceau, 647.
On retrouve un thème commun à toutes tes œuvres : celui de la fuite. C’est quelque chose qui t’obsède ?
J’ai besoin de mouvement. J’ai besoin de chercher un endroit, une place. Mais chercher est quelque chose qui ne peut pas aboutir. On peut s’approcher mais on ne trouve pas. D’où la fuite. Mais je trouve que la fuite peut être quelque chose de positif.
Que peux-tu me dire de ce titre, Bambi Galaxy ?
Il s’est imposé très rapidement. J’ai, dès le départ, pensé à Michael Jackson, surnommé Bambi. Jackson renvoie vers quelque chose de naïf, d’onirique, de rétrofuturiste justement, et il a d’une certaine manière soulevé très tôt la question de l’homme 2.0. C’est parti de là : le point de départ était le déclin de notre monde, le fantasme d’un futur merveilleux qui ne s’est pas fait…
Album Bamby Galaxy (Pias), sortie le 27 janvier
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