Hollandais émigré à Berlin, ce jeune homme bourré de talent assure les premières parties de Stromae après avoir ouvert pour la tournée de Woodkid. Rencontre avec l’un des héros annoncés de 2014.
On t’a découvert en France en première partie de Woodkid, tu lui dois beaucoup ?
Je lui dois énormément, c’est tout ce que j’ai à dire. Il m’a mis le pied à l’étrier, et il m’a fait comprendre qu’il fallait se battre pour y arriver, qu’il fallait être attentif à tous les aspects : la musique, l’image.
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Comment as-tu rencontré Stromae ?
C’est notre directeur artistique qui nous a présenté. Tous les deux nous avons ce point de commun de nous intéresser à toutes sortes de musiques, d’être très éclectiques. Paul avait besoin d’inspiration pour finir son album, j’étais en train de finir le mien. Il avait besoin d’un break et il est venu à Berlin. On ne se connaissait pas mais le feeling a été immédiat entre nous. Pourtant c’était compliqué pour moi comme pour lui, nous ne sommes pas le genre d’artistes à multiplier les collaborations, nous sommes plutôt des créateurs solitaires. Là tout a été très vite, Paul est venu dans mon studio, une vieille usine que j’ai retapée, où il n’y a même pas de toilettes – il faut aller à la station service en face (rires). Au bout de deux heures on avait presque déjà écrit une chanson.
Votre point commun, c’est aussi d’avoir un style très personnel alors que vos influences sont multiples.
C’est du temps. Il faut attendre. J’ai l’impression de travailler sur mon album et sur ma musique en général depuis des années. Il m’a fallu venir vivre à Berlin, apprendre l’Allemand, améliorer mon anglais, écrire des chansons, lire, voir des films, écrire ma propre histoire. J’ai le sentiment aujourd’hui d’être un curateur, d’avoir pris le temps d’imaginer un univers qui serait celui de Thomas Azier. Aujourd’hui, le plus dur pour un artiste et de trouver son cadre, un cadre original. Les gens dont j’apprécie la musique aujourd’hui, que ce soit Woodkid ou Stromae, ont ceci de commun qu’ils ont fixé un cadre très précis, autour de leur musique, autour de leur image. J’ai en magasin presque deux cents échantillons que je peux utiliser sur des morceaux, et je sais que chacun d’entre eux sonne comme du Thomas Azier. C’est un travail de longue haleine, mais j’ai aujourd’hui le sentiment que tout cela porte ses fruits.
Ton son est d’une grande pureté, comment t’y prends-tu ?
J’ai toujours voulu être un grand producteur. Mais je n’avais aucune notion de production, j’étais comme un chien conduisant un avion. Quand j’ai rencontré Stromae, j’ai vu qu’il était comme moi, qu’il avait inventé sa propre philosophie de production. J’utilise la reverb de l’usine dans laquelle j’ai fait mon studio, c’est un son que je trouve unique, il me rappelle celui de Low de David Bowie produit par Brian Eno. J’ai commencé à travailler avec mon ordinateur, avec des logiciels
Que savais-tu de Berlin avant de t’y installer ?
Rien. J’avais très peu de culture musicale. J’ai tout découvert sur YouTube. Un type comme D’Angelo m’influence à fond, quand je l’ai découvert je suis devenu dingue. Idem pour Kraftwerk. Depeche Mode période 101, m’a rendu fou. C’est mon tourneur Clotaire qui me l’a mis entre les mains.
Tu te définis comme un songwriter, un producteur, les deux ?
Aujourd’hui tu dois être les deux. Je ne suis pas encore le meilleur producteur au monde, mais j’ai envie de progresser. Par contre je sais écrire des chansons, ça j’en suis convaincu. Je suis bon en mélodie, bon en harmonies. C’est pour ça que j’aime la France. Les Allemands n’ont pas ça (rires).
Te considères-tu comme un romantique ?
Non, pas vraiment, mais je m’intéresse à ce courant : j’essaie de lire Thomas Mann ou Hölderlin dans le texte, mais c’est encore un peu dur pour moi.
Qui sont les artistes de ta génération qui t’interpellent ?
Lorde, elle va cartonner, j’aime beaucoup ce qu’elle fait.
Ton album est très attendu pour 2014, il va ressembler à quoi ?
Il est prêt, j’ai tellement hâte qu’il sorte même si j’adore le format EP. Mais un album est un tel achèvement, j’ai constaté ça pour Stromae et Woodkid. Un album te donne un autre statut.
Propos recueillis par Pierre Siankowski
En tournée avec Stromae, le 9 décembre à Paris, le 17 décembre à Lille, le 18 décembre à Bruxelles, le 19 à Anvers, le 20 à Esch-sur-Alzette
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