Stories

Enregistrés à la guitare avec Donald Miller, du combo ultraviolent Borbetomagus, certains disques extrêmes de Michael Schumacher évoquent, avec son patronyme, une F1 sur la grille de départ plutôt qu’autre chose, même s’ils sont par ailleurs plaisants. Toutefois, le travail de cet instrumentiste, compositeur, performeur et installateur sonore dépasse la musique noise, dont il est un des fers de lance. Car ce proche de LaMonte Young apprécie aussi, à l’instar de Morton Feldman qu’il vénère, l’énergie et l’intensité des petits sons. D’ailleurs, son œuvre est à l’image des contrastes sonores new-yorkais dans lesquels il baigne, où se mélangent le bruit de la circulation et une certaine forme de calme. Au fil du temps, sa méthode a évolué, comme ici, vers des pièces multipistes, où chaque partie provient d’un cycle savant d’apparitions et de disparitions qui se superposent, inspiré en cela par The Four Dreams of China de LaMonte Young.

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Sur Stories, des sons organiques s’accommodent par accumulations de strates subtiles en perpétuelle transformation. L’étrangeté qui en naît finit par devenir progressivement familière, et même quasi hypnotique par le biais des interventions inspirées du violoncelliste Charles Curtis ou de celle qui fut la compagne de Jeff Buckley, la chanteuse Rebecca Moore. Là, toutes les préoccupations de Schumacher sont abordées : sa fascination pour les drones comme pour le piano acoustique de Terry Jennings et la musique pour ordinateur de Ron Kuivila. Miraculeuses, les 32 minutes finales de cet opus qui mélange impro, aléatoire et algorithmes, sont une des plus belles choses arrivées à la musique contemporaine.