The 18th Day

Les météorologues qui donnent de jolis noms de filles aux cyclones peuvent rayer celui d’Estelle. Déjà pris. L’Angleterre en essuie actuellement le passage et ce sera bientôt à notre tour de ployer sous la tornade black la plus impressionnante à avoir franchi la Manche depuis PP Arnold. A côté de ce feu d’artifice, Ms. Dynamite est déjà un pétard mouillé. Originaire de l’île de la Grenade par son père (et sénégalaise par sa mère), Estelle arrive dégoupillée, sans semonce, avec en bandoulière cette verve sauvageonne propre aux jeunes Anglaises trop longtemps comprimées par les jupes plissées de l’uniforme scolaire. Comme son premier album en atteste, Estelle ne gâche pas une minute.

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1980, Estelle naît sensiblement au même moment que le hip-hop : elle a fait de ce millésime une chanson-manifeste qui ouvre en grand The 18th Day. C’est le premier des nombreux tubes qu’elle pourrait dans les prochains mois larguer sur les ondes pour troubler la paresse molletonnée du r n’b ordinaire, comme on met du poivre dans le miel. Il y a bien quelques titres, dans la seconde moitié de son disque, qui pactisent avec cette soul sirupeuse, climatisée pour le rêve américain. Mais le plus clair du temps, Estelle percute et uppercute, parvenant à doser son impatience sous les charmes de mélodies qui font tout pour être retenues.

Estelle possède la même puissance énergisante qu’une Beyoncé, mais sans la superficialité manucurée de l’Américaine. Elle voue un culte à Mary J. Blige mais l’enfonce à plate couture sur le ring, elle admire Missy Elliott et quelques-unes de ces franches tireuses qui poussent le r n’b dans ses retranchements, là où la plupart des mâles ne s’aventurent jamais. La femme est bien l’avenir du hip-hop, Estelle est son présent le plus réjouissant.