De Niro, Woodkid, Leïla Bekhti ou encore l’artiste JR viennent manger dans son resto. Vainqueur de « Top Chef”, Jean Imbert pourrait se contenter d’être le cuistot des stars, mais le jeune chef rêve toujours à d’autres étoiles, celles du Michelin.
Tous les soirs, le vainqueur de la saison 3 de “Top Chef” prépare une “Recette de fou” pour M6, épaulé par sa copine – l’ex Miss France Alexandra Rosenfeld. Mais Jean Imbert, 32 ans, n’est toujours pas satisfait : il manque encore des étoiles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il le répète souvent, au présent ou au passé : “Je suis différent”, “j’étais différent”. Différent des enfants de son âge, différent des apprentis cuisiniers de l’école Bocuse, différent des autres candidats de Top Chef. Sur ce dernier point, le cuisinier et juré Jean-François Piège confirme : “C’est un mec unique.” Il ajoute même : “Des quatre saisons, c’est le candidat qui m’a le plus régalé.” Sa force ? “Il sait manger.”
Un savoir-bouffer qui remonte à l’enfance. Jean Imbert, 32 ans, a grandi à l’Haÿ-les-Roses, dans la banlieue parisienne, mais a passé toutes ses vacances en Bretagne, dans les Côtes-d’Armor. “Je parlais des poissons avec les pêcheurs, des viandes et des légumes avec les agriculteurs. Très jeune, je me suis intéressé aux produits. J’adorais manger et ça me passionnait de comprendre pourquoi.”
Ses parents gèrent une entreprise de reliure et d’imprimerie. Pas de grands cuisiniers dans sa famille. “Ma mère achetait bien des livres de cuisine, mais elle ratait un plat sur deux.” A 12 ans, petit Jean commence à cuisiner pour ses parents et leurs amis. Direct, il envoie du lourd : “Je ne m’intéressais pas à la pâtisserie. Aux gâteaux, je préférais les rognons, les ris de veau.”A 14 ans, pendant que ses copains vont à la plage, il fait un stage dans un deux étoiles Michelin. Ça y est, il est sûr de sa vocation : un jour, lui aussi sera chef étoilé.
“Des claques, j’en ai pris.”
Déterminé, il se renseigne avec ses parents sur “les meilleures écoles du monde.” Il dit : “C’est un métier où quand tu rentres le soir voir ta meuf, tu pues le jus de veau. Alors il faut en vouloir.” Il vise l’Institut Paul Bocuse à Lyon. On y entre uniquement sur motivation et avec le bac. Bien. Il patiente, obtient son bac S, et hop, le voilà à Lyon. “J’étais de loin le plus jeune, le seul à avoir moins de 25 ans.”
A nouveau, Jean se révèle “différent”. Il dit : “Les profs sentaient qu’il y avait quelque chose. Les soirs de repos, les autres élèves allaient tiser ou baiser, moi j’allais travailler au restaurant d’application. Je m’en battais les couilles du reste, même des meufs.” Chez notre maître-queux, l’amour de la bonne chère passe avant les plaisirs de la chair, et ça c’est fort. Il fait ses premières armes chez Michel Rostang (deux étoiles Michelin) puis à Strasbourg chez Antoine Westermann (trois étoiles). Il résume : “C’était dur. Des claques, j’en ai pris. Mais je me suis défoncé. A la fin, ils voulaient que je reste.”
Lui préfère multiplier les expériences. Il envoie son CV à tous les deux et trois étoiles de France. “Au final c’est le chef Eric Briffard qui m’a donné envie de travailler pour lui. Il m’a dit : je veux les deux étoiles dans six mois. Un défi. Nous étions dix dans la brigade. On travaillait seize heures par jour. Quelques mois plus tard, je suis arrivé avant tout le monde avec le Michelin que mon père avait imprimé. On avait les deux étoiles.”
Il se lance sans tarder un nouveau challenge : ouvrir son propre resto, à seulement 22 ans. Il visite des dizaines d’établissements, tombe sur une affaire en dépôt de bilan dans le XVIe arrondissement de Paris. Emprunt à la banque, caution signée par papa : L’Acajou est né. Dix ans plus tard, il est toujours là. Il y a eu des hauts, des bas, des bonnes critiques et des moments durs. Jean dit : “C’est un métier où tu te mets en danger deux fois par jour. En six mois, tu peux tout perdre.”
Chef fou
Sa participation à “Top Chef” lui a offert une exposition médiatique à double tranchant. Le restaurant a bien connu un rush après l’émission. Mais le truc qui l’énerve, ce sont les commentaires sur Internet : “Les mecs qui n’ont aucune crédibilité en matière de critique gastronomique et qui se lâchent en freestyle juste pour le plaisir de défoncer le mec qui a gagné Top Chef.” Avant de participer au concours de M6, Jean s’était déjà essayé à la télévision en 2008 dans Cool Chef ! sur NRJ12. Le concept, hybride et chelou – entre sitcom et émission de cuisine – s’était vite cassé la gueule.
Ce qui ne remet pas en cause l’indiscutable télégénie de Jean Imbert, beau gosse et plutôt à l’aise devant la caméra. M6 ne s’y est d’ailleurs pas trompée et a misé sur lui, d’abord avec l’émission Norbert et Jean, le défi, suivie d’une apparition, toujours avec son acolyte Norbert, dans la télé-réalité Pékin Express. Et depuis la rentrée, c’est accompagné de sa petite copine Alexandra Rosenfeld, ex-miss France, qu’il présente tous les soirs Recette de fou, une pastille culinaire délurée intégrée à 100% Mag.
Jean Imbert, nouveau Cyril Lignac ? Dans la catégorie chefs médiatiques, lui envie plutôt le parcours de Jean-Luc Petitrenaud, avec ses escapades gourmandes au sein de la France des terroirs. Ou encore celui du chef britannique Jamie Oliver, qui utilise sa popularité pour lutter contre la malbouffe et tenter une “Food revolution”.
C’est un sujet qui le met très en colère, la malbouffe. Il peste :
“Je vais pas faire mon Jean-Pierre Coffe mais les gens bouffent de la merde. Je ne suis pas contre les supermarchés mais contre les industries qui transforment la nourriture. Les gens ne se rendent pas compte que c’est un drame. On va finir comme dans le dessin-animé Wall-E, tous obèses, à ingurgiter de la bouillie avec une paille.”
Cuistot des stars
Le chef a même intégré un groupe de réflexion au CSA, qui ambitionne de sensibiliser les plus jeunes à la nourriture. “Quand je rencontre des gens qui n’aiment pas trop manger, comme ma copine Alexandra par exemple, je cherche toujours à comprendre pourquoi. Pour moi, c’est un quiproquo qui remonte à l’enfance. Il faut réapprendre. C’est comme pour mon amie actrice Leïla Bekhti : il y a plein d’ingrédients qu’elle dit ne pas aimer, mais elle adore les lasagnes. Du coup, à chaque fois qu’elle vient manger, je lui fais des lasagnes différentes, avec des ingrédients différents. Et à chaque fois, elle aime ça.”
Son ami, l’artiste JR, commente : “La force de Jean, c’est de créer des moments avec sa cuisine. Il rassemble les gens. » Leïla Bekhti, JR… le talent de Jean Imbert fédère du beau monde. Woodkid, un autre pote à lui, passe régulièrement à L’Acajou se régaler avec sa soupe de potiron au crumble, champignons et raisin. Johnny Hallyday y a fêté son anniversaire. Summum de la classe, Robert de Niro est devenu un habitué de l’arrière-salle.
Jean, cuisinier ché-bran, nourrisseur de stars ? Il tempère : “Je ne suis allé chercher personne. C’est vrai que grâce au resto j’ai pu rencontrer des gens très puissants, très connus, assister à des tournages de cinéma, lier des amitiés. Tant que ça reste en rapport avec la bouffe, ça me va, j’en suis fier. Je suis juste un enfant avec des étoiles plein les yeux, heureux de partager une côte de veau avec eux, de les faire vibrer avec une mousse de potiron.” JR appuie : “Jean aime cuisiner pour les gens qu’il admire et qui l’inspirent, je trouve que c’est un bel échange.”
Des stars dans le resto, des étoiles dans les yeux, c’est bien, mais en attendant Jean n’a toujours pas d’étoiles Michelin. Et il les veut. “Petit, j’ai rêvé des trois étoiles. Aujourd’hui, je passe à la télé, je fais bouffer des artistes, je kiffe. Mais je n’oublie jamais que mon métier, c’est cuisinier. C’est très terre-à-terre. Je veux la reconnaissance de mes pairs, je veux la fierté de mes parents. Et je suis très obstiné. Mon rêve, je ne l’ai pas perdu.” Jean-François Piège assure : “Il en a la capacité. Il faut qu’il reste concentré.” Il a même un conseil pour lui : “Sois toi-même.” Différent, donc.
{"type":"Banniere-Basse"}