Des sites de rencontres extra-conjugales aux hôtels, l’adultère n’est plus taboue en France et est même devenu un business à part entière.
“Laisser libre cours à votre passion, ayez une affaire”… Depuis quelques semaines, la campagne publicitaire du site de rencontres extra-conjugales, VictoriaMilan.fr, a fait sourire nombre de Parisiens. L’effigie involontaire de la campagne, Ségolène Royale a, elle, moins apprécié de voir sa photo détournée à ces fins. Toujours plus nombreux, les sites de rencontres qui prônent l’infidélité rivalisent d’imagination pour se faire connaître, en utilisant les peoples pour en vanter les mérites, voire le glamour. Du Canadien Ashley Madison à l’Américain Gleeden, l’infidélité s’affiche dans les transports publics, à la télé et sur Internet. La chose n’est plus taboue, elle est “in”. Les professionnels ne s’y sont pas trompés et les époux(ses) volages sont devenus des cibles marketing. Un juteux marché quand on sait que selon un sondage Ipsos, 40% des Français se disent prêt à tromper leur partenaire.
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Parmi la dizaine de sites de rencontres pour hommes et femmes mariés, le mastodonte mondial Gleeden, (contraction de Glee “joie” en anglais et d’Eden), revendique plus d’un million de membres. De quoi assouvir les aventuriers les plus fougueux. Dernier arrivé en France, le site canadien Ashley Madison compte déjà 420 000 utilisateurs et devrait réaliser un chiffre d’affaire de près de 3 millions d’euros en 2013. “La France a toujours été la patrie de l’infidélité, affirme Christoph Kraemer, le directeur de la communication Europe du site. C’est quelque chose de presque institutionnalisé dans la société, il suffit de regarder du côté de vos politiques”. Des moeurs légères qui étonnent l’Amérique puritaine où le dirigeant public qui se fait prendre est cloué au pilori. Pour Christoph Kraemer, la monogamie est “un mythe”.
Esprit frivole
Si en France, l’infidélité n’est plus un délit depuis 1975, l’amant volage n’en reste pas moins sur ses gardes. Tous les professionnels de l’infidélité ont pour mot d’ordre : discrétion et sécurité. “L’avantage du site c’est qu’on avance masqué, il y a un côté carnaval de Venise. Ce n’est pas parce qu’on y est, qu’on va obligatoirement franchir le pas”, explique David*, un utilisateur régulier du site.
Dernier né dans le marché de l’infidélité, la centrale de réservation hôtelière, DayUse. Le concept ? Réserver une chambre pour quelques heures en pleine journée. Certains disent qu’une telle idée ne pouvait naître que dans l’esprit frivole d’un Français. Lancé en 2010, la centrale de réservation n’en finit plus de séduire. Fini la banquette arrière de la voiture, les hôtels miteux le long des nationales. Le service permet à des couples de louer des chambres dans des hôtels de luxes et à des prix 30 à 70% moins cher que la nuitée. Tout le monde y trouve son compte : les hôteliers qui voient leur taux d’occupation s’accroître et les amants qui peuvent s’ébattre en toute liberté dans des draps de soie. Mais l’infidélité a tout de même un prix : entre 80 et 130 euros le créneau horaire.
Avec 250 hôtels répertoriés en France, le site fait un carton auprès des hôteliers qui se prêtent au jeu en rajoutant parfois sous l’oreiller des kits coquins. Le site permet de réserver sous des noms d’emprunt, sans carte bancaire en garantie et sans trace sur le relevé bancaire. “Nous avons déjà eu des réservations au nom de Hugh Jackman, s’amuse David Lebée, fondateur et président de DayUse. Tout ici est fait pour ne pas culpabiliser le client, il y a très peu de contact avec le personnel”. Un nid d’amour où les amants peuvent se retrouver sans regards accusateurs, ou questions gênantes. S’il refuse de dire que son site pousse au vice, David Lebée assume de communiquer sur ce créneau. “On a banalisé une pratique jusqu’à là très taboue”. Un tabou qui rapportera selon l’intéressé, de 4 à 5 millions d’euros en 2013 dont 3 millions réalisé uniquement en France. Pour améliorer ses profits et s’ouvrir aux bourses plus modestes, le site vient de lancer une version “pas cher” avec des chambres plus abordables à partir de 50 euros.
Contre-business
Si les détectives privés enquêtent depuis des années sur les liaisons extra-conjugales, la filature devient maintenant virtuelle. Ainsi l’agence Fidelity Testing vient de lancer son nouveau service Social Testing, afin de traquer les conjoints qui s’écartent du droit chemin sur les réseaux sociaux et les sites de rencontres. “Les détectives ne font qu’adapter leur terrain d’enquête à l’évolution des pratiques sociales”, explique “Frank”, le fondateur du site. Des enquêtes qui, selon les responsables de sites de rencontres, ont peu de chance de déjouer la sécurité des données. L’adultère 2.0 semble avoir encore de beaux jours devant soit.
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