C’était le concert le plus couru de l’année : Arcade Fire aka The Reflektors au Pavillon Baltard de Nogent. On y était, on vous raconte.
En fait, le show d’Arcade a commencé bien avant que nous n’arrivions au Pavillon Baltard. Dans les locaux de la rédaction, à Paris, sur le coup de 17 heures, on croise des gens déguisés, dont un Steve Zissou, l’espèce de commandant Cousteau qu’interprète Bill Murray dans La Vie aquatique.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
C’est la grande force d’Arcade Fire (qui, rappelons-le, nous avait déjà emmenés faire des concerts sur des parkings en périphérie de Montréal à l’occasion de la sortie de leur troisième et précédent album, The Suburbs) : avoir inventé, pour la sortie de Reflektor, une histoire qui se raconte en marche, avec le concours des autres, partout – une histoire dont on ne connaîtra probablement jamais la fin, mais est-ce bien important ? Arcade Fire, ou plutôt The Reflektors – car c’est bien ce nom-là qui figure sur notre billet, et qui est écrit en gros et brillant sur l’immense rideau derrière lequel, à Nogent-sur-Marne, sont installés les instruments pour ce concert forcément exceptionnel au Pavillon Baltard (la Nouvelle Star, c’était là).
Avant cela, il aura fallu se faufiler à l’intérieur : la file d’attente est immense et le concert sera retardé par cette transhumance inhabituelle dans cette petite ville calme de banlieue parisienne – une lettre a d’ailleurs été envoyée aux riverains pour les rassurer et les prévenir du passage de “passionnés (âge moyen la trentaine, bien éduqués), qui ont eu la chance de trouver des places (toutes vendues sur internet en quinze minutes)”. Une fois rentré, la première chose que l’on voit, ce sont des boules à facettes et les grosses têtes en papier mâché qui prolongent le corps des membres du groupe dans le clip de Reflektor (réalisé par Anton Corbijn). Là, on se dit qu’elles sont portées par des figurants (bien que d’aucuns nous assurent que les vrais membres du groupe sont “à l’intérieur”), mais on ne résiste pas à l’envie d’aller se faire tirer le portrait à leurs côtés, surtout lorsqu’on croise les têtes géantes de Win Butler et Régine Chassagne côte à côte.
On déambule dans le Pavillon Baltard au son d’un DJ qui passe et repasse les Clash (ben quoi ?), on croise des gens importants déguisés un peu n’importe comment (“derrière mon loup je fais ce qu’il me plaît” – on reparlera de ça plus tard, probablement sur un divan pour certains), on prend une bière au bar encombré où l’on nous donne un verre recyclable The Reflektors daté du jour, verre que beaucoup rapporteront chez eux : bien ouèj le marketing… Puis, la lumière baisse et à droite, au premier étage, le couple princier Butler-Chassagne fait son entrée. Régine est à la batterie et Win entonne une version soft de My Body Is a Cage, le grand rideau tombe et les Reflektors apparaissent, dans cette tenue qui est la leur depuis la fameuse vidéo du Saturday Night Live. C’est It’s Never Over (Hey Orpheus) qui est envoyé en éclaireur dans une version apaisée, et Neighborhood #3 (Power out) qui prend la suite, joué à la mode Reflektor (un peu moins héroïque que dans Funeral, donc.)
La salle est aux anges (les places furent chères) et c’est un accueil fabuleux que reçoivent les Montréalais du côté de Nogent (ah, le petit vin blanc). Trois chansons extraites du nouvel album déboulent ensuite (Flashbulb Eyes, Joan of Arc, You Already Know), ce qui nous laisse le temps de comprendre qu’Owen Pallett (Final Fantasy…), un des génies musicaux de ce siècle (écoutez ses disques), a repris du service. Pour le reste, on retrouve les habitués : Richard Parry, toujours aussi roux ; Tim Kingsbury, dont les cheveux ont encore poussé ; Will Butler, le frère de Win ; la jolie Sarah Neufeld au violon, le batteur Jeremy Gara et deux musiciens additionnels aux congas.
La tension monte un peu sur We Exist, la foule vacille de plus en plus, et c’est la version héroïque d’After Life (pimpé par le début de Porno, mais sans Greta Gerwig – envoie ton 06, Greta) qui constituera sans aucun doute le climax de la soirée – plusieurs personnes seront aperçues en train de danser le poing levé. Régine Chassagne attrape le micro pour deux titres (le génial Sprawl II et Haiti), avant de redonner la place à son mari pour Normal Person et une performance coiffée de papier mâché conclue par une reprise des Clash par le petit Butler, Will : I’m so Bored with the USA. Nouveau climax pour Here Comes the Night Time et disparition du groupe en coulisses pour un retour flamboyant où l’on retrouvera bien entendu Reflektor et le quasi traditionnel hymne de fin qui raccompagnera les chanceux dans une semi-apesanteur – Wake up bien sûr.
Bilan : un concert d’une coolitude absolue, mais pas forcément le meilleur d’Arcade Fire de notre vie. Ça tombe bien, il s’agissait bien de The Reflektors, et on a probablement raison de se dire que c’est un joli apéritif pour les mois à venir et la tournée qui devrait consacrer – une bonne fois pour toutes – Arcade Fire comme l’un des plus grands groupes de rock de l’histoire.
{"type":"Banniere-Basse"}