Dans Moto-cross, la danseuse et chorégraphe Maud Le Pladec prend tout le monde de vitesse.
Il y a d’abord ces basses qui semblent se diffuser dans une salle des Subsistances à Lyon, avant même que la pilote n’entre en scène. Un tapis de sons, tout sauf moelleux, qui va brasser disco improbable (Chérèze et son hit Je danse encore), Daft Punk ou Sébastien Tellier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une heure durant, Maud Le Pladec se met en transe, casque sur la tête, nue ou en clubbeuse frénétique, pour raconter ses années 1980 et sa découverte des raves. Sans oublier les virées paternelles pour participer à des championnats de moto-cross. Sauf que c’est son frère qui enfourchait la bécane. A Maud le tutu – rose qui plus est –, qu’elle va finir par jeter à la poubelle.
Un pied de nez à la grisaille ambiante
Son père avait fait faire deux reproductions de la fratrie apposées sur la camionnette – un C35. Il y a donc beaucoup de Le Pladec dans ce solo qui s’autorise plus d’une fois une langue autre, celle de Vincent Thomasset. Pas de quoi pleurer dans les chaumières, la ballerine s’en est plutôt bien sortie : interprète remarquée chez Boris Charmatz ; chorégraphe explorant les musiques actuelles et nouvelle directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans.
Mais pourquoi raconter tout cela sur un mode autofictionnel et dansé alors ? Sans doute pour boucler la boucle nappée de fumigènes et de lumières stroboscopiques, dans un pied de nez à la grisaille ambiante. Une fin de siècle qui annonce un tournant dont on ne sait pas trop si c’est un virage ou un cul-de-sac.
Un geste chorégraphique précis et nerveux
Il y a bien dans Moto-cross quelques effets précieux dispensables, mais la force de ce one-woman show est ailleurs : dans l’abandon d’une gestuelle où les bras font le job dans ce mouvement éperdu, réminiscence d’une première virée en boîte.
Tout ici défile au risque de l’excès de vitesse, mais Maud Le Padec ne perd jamais de vue ce qui l’a fait avancer : un geste chorégraphique précis et nerveux. Dans cette balade, il n’y a visiblement pas de place pour les remords.
Moto-cross conception, chorégraphie et interprétation Maud Le Pladec, avec Eric Soyer et Pete Harden, les 30 et 31 mars à La Briqueterie, Vitry-sur-Seine, dans le cadre de la Biennale de danse du Val-de-Marne
{"type":"Banniere-Basse"}