Le Français Jérôme Coudanne tente de (ré)concilier toutes ses passions, de la variété à l’electro-pop.
Longtemps, au micro de Deportivo, Jérôme Coudanne fut un jeune homme en colère, comme le lui conseillaient les hormones, comme le lui ordonnaient Noir Désir et Nirvana. Colère confuse, diffuse, sans but réel – rage de son âge. Pourtant, la pop n’était jamais loin, dans des chansons soupe au lait, mais jamais soupe, même quand elles flirtaient avec le romantisme et la naïveté. Il aura fallu attendre le sommeil de Deportivo et un long séjour assouplissant en Catalogne pour que Jérôme accepte ses aspirations contradictoires, sans doute même un peu honteuses, pour une musique moins portée sur et par l’électricité.
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Comme tant d’autres évadés du rock français, il est allé chercher conseil dans la discographie mouvementée du plus célèbre des passe-murailles français : Alain Bashung. Le meilleur moyen de claquer la porte des chapelles et de la recherche absurde de street credibility. Il revendique aujourd’hui des influences aussi insoupçonnables que Pet Shop Boys ou Balavoine, réussissant à appliquer nonchalamment cette exception culturelle d’ici : jouer de la musique anglo-saxonne chantée en français. “De France et de Navarre”, dit l’expression. C’est bien de Navarre dont il s’agit ici, à la fois familière et méconnaissable, proche et lointaine (de la chanson d’ici, de Deportivo). La colère a fait place aux désillusions, l’énergie à la suavité, le binaire aux zigzags dans l’inconnu.
Pour cette échappée belle, il fallait des complices capables de mettre en son ce fouillis d’idées, ce fatras de désirs plus forcément noirs. Du producteur hip-hop Lucien Krampf à Stéphane Briat (Air, Phoenix), le spectre est donc large. D’où cette impression, pas forcément désagréable, de compilation, de mixtape. Alors bien sûr, l’écriture ou le chant ne sont pas toujours à la hauteur de ces ambitions, de ces arrangements, de ces productions qui aboutissent à une compression excentrique, tout et son contraire – n’est pas Beck qui veut.
Mais si Navarre ne redoute pas le cliché, le cheesy même, il semble tout ignorer de ce choléra qu’est l’ironie en musique. De Décadence à Supernova, il ne cherche pas un trône de sénateur dans la chanson d’ici : juste un strapontin inconfortable, car il n’est pas là pour s’installer dans un genre ou une formule. Juste pour la vue, dégagée.
Concerts 5 mai le à Mérignac, le 9 mai à Lyon et le 11 mai au Centquatre à Paris.
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