Bye bye Kékéland et son ballet de courtisans (M, Sonic Youth, Noir Désir ) venus il y a trois ans tresser couronnes et trousser refrains sur (dé)mesure à la souveraine Brigitte, fontaine d’éternelle jouvence qui paraissait quand même un peu débordée par tant d’hommages. Sans dire adieu à la gaudriole, Brigitte la mondaine déserte palais […]
Bye bye Kékéland et son ballet de courtisans (M, Sonic Youth, Noir Désir ) venus il y a trois ans tresser couronnes et trousser refrains sur (dé)mesure à la souveraine Brigitte, fontaine d’éternelle jouvence qui paraissait quand même un peu débordée par tant d’hommages. Sans dire adieu à la gaudriole, Brigitte la mondaine déserte palais et palaces et accueille « comme à la maison », où ce nouvel opus plus grave qu’à l’accoutumé fut conçu dans le plus simple appareil, avec le dévoué Areski en maître de cérémonie.
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Son personnage de fofolle à lier, amuse-galerie pour suceurs de moelle médiatiques, Fontaine lui règle brutalement son compte sur un morceau d’une violence inouïe (Folie), rappelant que sa folie n’est pas un accessoire de mode mais bien un genre de prurit dont aucun baume ne parviendrait à calmer le feu. Mais la clé est ailleurs, dans les brumes, encore une fois, du cap Fréhel, qui évoquent en écho Fréhel, la chanteuse, ou encore dans cette reprise cossarde de L’Homme à la moto de Piaf : sous-entendu qu’entre ces canonnières du réalisme en chanson et elle, chanteuse surréaliste, on n’aurait pas raté grand-chose. Sa voix, donc, capable d’incarner les petites filles égarées comme les maîtresses SM, sera bien le nerf central de ce disque, comme sur le dernier Björk, sa seule fille légitime.
L’album démarre en trombe par du rock enjoué façon Rita Mitsouko des bons soirs (l’hilarant Betty Boop en août), mais les climats plus orageux ne tardent pas à poindre : pluies electro qui menacent d’hydrocution « massive-attackienne » Sous 200 watts, une adaptation incongrue de Beauvoir en anglais (La Chanson de Simone), ou encore l’explicitement calfeutré Eloge de l’hiver qui sonne comme un Gréco grand cru. Sur ce titre magnifique comme à plusieurs endroits stratégiques, Areski Belkacem déploie sa science orientaliste, culminant sur un duo autour du thème épineux du Voile à l’école qu’il soulève avec une délicate ironie. Et pour la bonne bouche, on assiste au troisième service du Nougat (qui va peut-être finir à l’usure par faire un tube), friandise hallucinogène ici croquée en compagnie de deux Zebda en cavale. « Nous irons au cap Fréhel pour devenir immortels« , dit-elle. Pas besoin.
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