Avec le clip de What the Price, le trio Migos mélange la trap aux codes du rock et revendique le statut de Fab Four du hip-hop pour dénoncer un racisme inhérent à l’industrie musicale.
Blousons noirs
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“Génie” est le terme qui revient le plus souvent pour qualifier Migos. Non pas faute de vocabulaire, mais parce que ces trois rappeurs d’Atlanta ont le don pour distiller une belle dose de second degré chelou dans leurs clips, sans jamais tomber dans la farce. Les voici donc en blousons de cuir à clous portant des lunettes rondes colorées façon Lennon et chantant What the Price, extrait de leur dernier album, Culture, au beau milieu d’une casse de voitures.
Plus tard, le trio ira en découdre avec des bikers dans un bar mal famé. Le scénario n’a aucun sens et ils ont l’air de s’en taper. Une capacité à faire n’importe quoi avec sérieux, qui produit un décalage devenu leur marque de fabrique.
insaisissables
La comparaison avec Mac DeMarco, Weyes Blood ou Alex Cameron saute aux yeux. Tous partagent cette habileté à insuffler de l’ironie dans un projet premier degré, à faire cohabiter le délire et l’émotion. Leur statut de parangons de la nouvelle scène trap d’Atlanta, versée dans le triplet flow (trois syllabes par temps), n’empêche pas Migos de développer une outrance frôlant la parodie.
En 2013, deux ans avant de propulser le dab sur le devant de la scène, le trio explosait avec Versace, tube malade sur lequel ils répétaient le nom de la marque jusqu’à la nausée. En début d’année, ils se déguisaient en hommes des cavernes dans le clip de T-Shirt, sans autre raison apparente que de se proclamer self-made-men.
De la fluidité dans les genres (musicaux)
En se filmant avec guitares, micros et Roland AX-Synth, Migos s’érige en modèle de fluidité musicale et revendique le statut de Beatles noirs, leitmotiv du hip-hop. En janvier, Donald Glover, auteur de la série Atlanta, leur conférait le rang de “Beatles de cette génération”. Comprendre : la génération YouTube pour qui le rangement des albums par genres n’a plus de sens. Un autre duo avait emprunté cette voie avant eux : Rae Sremmurd dans le clip du bien-nommé Black Beatles.
“Et c’est quoi un Beatle noir, un putain de cafard ?/Je suppose que c’est pour ça qu’ils m’ont mis en deuxième classe”, lâchait déjà Kanye West sur Gorgeous (2010). Autant de façons de tacler le racisme inhérent à une industrie musicale plus encline à célébrer les Beatles blancs que les Beatles noirs.
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