Anne-Sophie Lapix revient sur son départ houleux de Canal+ et raconte les débuts de sa nouvelle émission C à vous sur France 5.
Regrettez-vous la manière dont s’est déroulé votre départ de Canal+ et le procès que la chaîne vous a intenté ?
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Anne-Sophie Lapix – Oui, je le regrette, car on s’était quittés en bons termes et pendant l’été, Canal m’a fait ce procès. Pour la dernière de C à vous, on a voulu faire un passage de témoin avec Alessandra Sublet, et ils ont refusé. En plus, j’avais cru comprendre que la politique de la chaîne était d’attaquer lorsqu’elle était sûre de gagner. Là, ce n’était pas vraiment le cas. A l’issue du procès, Canal+ m’a dit : « Tant mieux, on a perdu le procès mais au moins France 5 n’a pas pu communiquer sur ton arrivée. » Sincèrement, c’est d’une mesquinerie absolue.
Comment l’interprétez-vous ?
Je ne sais pas, je n’ai pas compris car je n’ai jamais fait monter les enchères, je n’ai jamais démarché une autre chaîne. J’ai eu un petit échange de textos avec Rodolphe Belmer (directeur général de Canal+ – ndlr) mais c’était assez froid et bref. Il m’a tenu un discours qu’un avocat aurait également pu tenir. Nous n’étions pas sur le même niveau de langage. Je n’ai pas compris…
La politique vous manque-t-elle ?
Elle ne me manque pas mais c’est vrai que c’est ma clientèle préférée (rires). Les hommes politiques ont une plus forte résistance que les autres interviewés potentiels. Sans vouloir assouvir de passion sadique, c’est agréable d’aller au bout d’un questionnement. Je pense que lors des périodes de campagne, on pourra faire plus de politique, mais pas maintenant. Je sens qu’il y a une vraie désaffection vis-à-vis de la politique. Aujourd’hui, dans C à vous, j’appréhende mes interviews d’artistes avec plus d’empathie. J’essaie de chercher des choses plus personnelles, des moments de télévision, c’est un autre exercice.
Vous avez été l’une des rares journalistes à faire trébucher Marine Le Pen, lors d’une interview sur son programme économique. Quel regard portez-vous sur le traitement médiatique du FN ?
J’ai toujours trouvé qu’il y avait un peu trop d’émerveillement autour d’elle. On ose à peine lui poser des questions quand elle hausse le ton. Plus le score augmente, plus on la trouve respectable. Quand je l’entends dire que l’immigration coûte chaque année à l’Etat entre 35 et 70 milliards d’euros, je me dis qu’on ne l’interroge pas assez sur l’économie.
Pour la première de C à vous, on vous a reproché de ne pas avoir réagi aux propos homophobes tenus par Alain Delon.
On peut me reprocher la façon dont j’ai géré les choses mais c’est moi qui lui ai rappelé ce qu’il avait dit dans une interview. Je voulais savoir s’il confirmait ses propos. Le problème, c’est que l’entretien a été coupé par une page de pub. Lorsque l’on est revenu en plateau, on m’a dit en oreillette que je n’avais plus le temps et qu’il fallait clôturer l’entretien.
Des nouvelles d’Alessandra Sublet ?
Elle m’envoie des textos. Elle me soutient, elle est hyperpositive, comme elle l’a été depuis le début. C’est assez incroyable de voir quelqu’un avec une telle attitude. Je me demande si je pourrais être aussi accueillante et bienveillante si je laissais une émission.
On a l’impression que la concurrence est si rude qu’il est très difficile de lancer un nouveau concept d’émission en access prime time.
C’est quasiment impossible. J’ai eu la chance de reprendre une émission qui marchait déjà très bien. Sur la tranche d’access, on donne les audiences tous les jours. C’est incroyable, même pour le 20 heures on ne fait pas ça ! Mais je vois bien que la pression est différente, la relation aux téléspectateurs aussi. Avant, je faisais mes courses au Franprix, personne ne venait me voir. Aujourd’hui, je suis très sollicitée, les barrières ont disparu…
Propos recueillis par David Doucet
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