Trois ans après l’usine à tubes « Torches », les Californiens de Foster The People passent le cap du deuxième album. Avec le lumineux « Supermodel », ils se remettent en question en explorant des chemins non balisés. Rencontre, critique et écoute.
On la connaît encore par cœur. Parfois, au creux de l’hiver, on la sifflote pour se réchauffer. Elle a tourné en boucle dans les lecteurs MP3, accompagné les matins de radio et les soirées en club, trouvé sa place au début de chaque compile écoutée sur les routes de vacances. Pumped up Kicks a été la chanson de l’été 2011, le tube que tout le monde a aimé, des ados sur la plage au plus farouche des indés.
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On peut la retrouver sur Torches, le premier album de Foster The People, mais toujours elle restera le signe d’une époque, l’évocation d’un parfum dans l’air, la couleur d’un été comme le fut, en 2008, le Kids de MGMT. Se pose alors cette question : comment revenir fièrement après ça, quand le monde entier s’est déjà mis à genoux devant vous ? Mark Foster, chanteur et leader du groupe, a sa petite idée là-dessus.
“On dit souvent qu’on a toute sa vie pour préparer son premier album, et seulement quelques mois pour préparer le second. C’est vrai. J’ai vu trop de groupes que j’adore rater leur deuxième album. C’était très important pour moi de ne pas laisser cette peur m’envahir, et de ne pas laisser les autres me dicter ce que je devais faire. A l’époque, je voulais que Torches soit parfait, que chaque chanson puisse passer à la radio. Pour Supermodel, on a voulu assumer les imperfections et s’exprimer plus collectivement en tant que groupe. On a voulu un son plus vivant. Il y aura bien sûr quelques chansons qui passeront à la radio mais c’est une sorte de concept-album : il faut l’écouter du début à la fin pour le comprendre.”
Moins tubesque mais plus fouillé
On est resté un peu sceptique à la première écoute. L’album s’ouvre en effet avec Are You What You Want to Be, morceau bizarre, voire désagréable, saturé de gimmicks qui semblent taillés pour les stades. On a alors craint la lourdeur, puis l’indigestion. Mais Supermodel gagne à être connu, et révèle plein de jolies surprises à l’auditeur attentif. Comme cet ami devenu indispensable, dont l’hyperactivité et les bavardages nous ont d’abord tapé sur les nerfs, il a su se dévoiler et se montrer sous son meilleur jour, en faisant preuve de beaucoup plus de finesse et de malice qu’on avait pu l’imaginer au premier contact. Écrit entre le Maroc, la Californie et l’Angleterre, Supermodel est un album de pop ouverte au monde, ambitieuse.
“La pop est un langage universel. D’après moi, c’est ce qu’il y a de plus dur à faire. Ce sont des mélodies fortes, que tout le monde peut comprendre – peu importent la langue, l’âge, le pays. Mon rêve en tant qu’artiste, c’est de pousser les autres à être plus créatifs encore. Si quelqu’un trouve l’envie d’écrire ou d’être acteur en écoutant ma musique, c’est la plus belle récompense que je puisse imaginer.”
Moins tubesque mais plus fouillé que le précédent, Supermodel dévoile quelques refrains irrésistibles (Nevermind, Best Friend), des ballades presque folk (Goats in Trees, Fire Escape) et une production parfois futuriste (Pseudologia Fantastica, The Truth). Il y a en effet de quoi trouver l’inspiration, en attendant un retour insolent de l’été.
Concerts le 28 mars à Paris (Gaîté Lyrique), le 6 juillet aux Eurockéennes de Belfort, du 10 au 12 à Bilbao (BBK Live)
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