Souvent, ceux-là sont bruns et grands. Souvent aussi, ceux-là pratiquent le piano depuis l’âge de 5 ans, aiment la littérature depuis toujours et expliquent qu’ils ont enregistré leur dernier album “l’hiver dernier” avant d’ajouter “loin de la ville” ? comme si leur musique ne pouvait pousser que dans le froid et au grand air, comme […]
Souvent, ceux-là sont bruns et grands. Souvent aussi, ceux-là pratiquent le piano depuis l’âge de 5 ans, aiment la littérature depuis toujours et expliquent qu’ils ont enregistré leur dernier album « l’hiver dernier » avant d’ajouter « loin de la ville » ? comme si leur musique ne pouvait pousser que dans le froid et au grand air, comme si leur lyrisme avait besoin d’espace, de nature, de sauvagerie même, pour pouvoir s’épanouir librement. Souvent, ceux-là ont des noms qu’on ne sait jamais écrire, Hawksley Workman, Rufus Wainwright. Et les filles n’arrivent pas à dormir parce que, souvent, ceux-là savent aussi très bien jouer de la guitare. Voire du Wurlitzer. Ed Harcourt, bien que son patronyme soit un tantinet plus facile à épeler, est de ceux-là.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Enregistré en pleine campagne suédoise, Strangers, son troisième album n’a pourtant rien de bucolique. Loin des recueils folk contemplatifs où tout est dit sans qu’il ne se passe grand-chose, Strangers ressemble plutôt à une compilation d’histoires citadines, de comptines sentant davantage le tabac froid que la bouse de vache, le verre de vodka à moitié vide que la bouteille pleine de petit lait. Bref, des comptines urbaines qui évoquent plus Tom Waits que Neil Young, Lou Reed que Will Oldham.
Ecrire qu’Ed Harcourt a enfanté un chef-d’œuvre digne du rang de ses prédécesseurs reviendrait à dire qu’il y a des armes de destruction massive cachées dans les pâturages suédois. Il y a même, sur Strangers, quelques longueurs, un violon un peu trop loquace, deux ou trois morceaux superflus. Mais il y a aussi et surtout de quoi rendre pas mal de gens heureux : une poignée de pépites répondant parfaitement aux critères de la chanson pop impeccable. Ainsi le piano du beau Black Dress clôturant l’album ou les cuivres élégamment maîtrisés sur This One s for You, qui rappellent l’émoi ressenti à l’écoute des premiers singles de Belle & Sebastian.
{"type":"Banniere-Basse"}