L’actrice de films X Candice Valada, plus connue sous le pseudo de Candida Royalle, est décédée à l’âge de 64 ans d’un cancer des ovaires. Elle était considérée par beaucoup comme la fondatrice du porno féministe.
Candice Valada, porn-star connue pour son engagement féministe, est décédée aujourd’hui à l’âge de 64 ans d’un cancer des ovaires. C’est sous le pseudo mi-kitsch mi-exotique Candida Royalle, dont les accents piquants trahissaient l’aura sulfureuse, qu’elle avait fait carrière dans le milieu du X, tournant dans 25 films.
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Née en 1950 à New York, Candice Valada fut abandonnée à l’âge de dix-huit mois par sa mère, qu’elle cherchera toute sa vie à retrouver, et élevée par son père, batteur de jazz et sa belle-mère. Après des études de danse et de musique à l’école d’Art et du Design de New York, puis à l’université de New York, elle se lie d’amitié avec les Cockettes, une troupe de théâtre hippie née à San Francisco, qui traîne notamment avec Divine, drag queen rendue célèbre par ses rôles dans les films de John Waters. En mal de fonds pour financer ses productions d’avant-garde, elle se lance dans le porno en 1974.
Féministe pro-sexe
Mais c’est en créant Femme Productions dix ans plus tard, en 1984, que Candida Royalle se fait réellement remarquer. Et pour cause : cette société de production, à travers laquelle elle distribue les films qu’elle se met à réaliser, est spécialisée dans la mise en avant de personnages féminins et dans la promotion de récits érotiques envisagés du point de vue des femmes, et s’inscrit dès lors dans la lutte contre le sexisme.
L’actrice se mue en papesse du porno féministe, et, par la même occasion, du féminisme pro-sexe qui, contrairement au féminisme radical, rejette la victimisation des travailleur(e)s du sexe et des actrices porno et défend une vision féministe de leurs activités.
En 2014, Candida Royalle, ainsi que quatre autres figures du féminisme pro-sexe (Veronica Vera, Veronica Hart, Gloria Leonard et Annie Sprinkle) sont diplômées à titre honorifique en « études avancées de la sexualité humaine » à San Francisco pour leur participation à la lutte contre le sexisme dans l’industrie pornographique, que résume parfaitement la fameuse phrase d’Annie Sprinkle: « The answer to bad porn isn’t no porn… it’s to try and make better porn » (La réponse au mauvais porno n’est pas d’interdire tout porno… mais d’essayer de réaliser un bon porno.)
Un hommage d’Ovidie
Dans le billet qu’elle lui consacre sur son blog Ticket de métro, la réalisatrice porno féministe Ovidie explique : “Elle a fait partie de ce courant de pensées qui a permis de s’interroger sur la représentation de la sexualité à l’écran et dans l’art, mais aussi sur les conditions de travail et les droits des travailleu(r)ses du sexe. » Et d’ajouter une touche personnelle:
« Sans elle, aujourd’hui personne ne parlerait de porno féministe. Sans elle, sans doute n’aurais-je pas moi-même fait ces choix de vie. Je la connaissais peu, humainement parlant, nous ne nous étions rencontrés que quelques fois, mais elle a eu une influence majeure sur mon parcours et a toujours été à mes yeux un exemple de courage et de créativité. Elle restera toujours pour moi une source d’inspiration. Candida, ou plutôt Candice de ton vrai prénom, je suis un peu orpheline aujourd’hui, et je voulais te dire, sans doute trop tard : merci pour tout. »
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