Pilote de ligne virtuose, Barry Seal est aussi gentiment arnaqueur, par goût enfantin du risque. Il convoie clandestinement des havanes – rien de méchant. Jusqu’au jour où la CIA le contacte pour une mission plus sérieuse : piloter un avion espion pour photographier les camps de guérilleros de pays d’Amérique latine en pleine ébullition. C’est […]
Dans l’Amérique de Reagan, les agissements provocants d’un agent double ivre de risque. Un thriller espiègle et nerveux.
Pilote de ligne virtuose, Barry Seal est aussi gentiment arnaqueur, par goût enfantin du risque. Il convoie clandestinement des havanes – rien de méchant. Jusqu’au jour où la CIA le contacte pour une mission plus sérieuse : piloter un avion espion pour photographier les camps de guérilleros de pays d’Amérique latine en pleine ébullition. C’est le début de l’engrenage de missions de plus en plus périlleuses confiées par l’agence et de détournements des commandes de plus en plus risqués par Seal qui le mènent du cartel de Medellín jusqu’au cœur de l’affaire d’Etat dite des Contras ou Irangate (le film est basé sur un personnage réel qui sévissait pendant les années Reagan).
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Seal est un mix de Jordan Belfort (Le Loup de Wall Street), de Frank Abagnale (Arrête-moi si tu peux) et d’une pincée de… François Perrin, le grand blond avec une chaussure noire. C’est un filou de petit calibre, inconscient des conséquences politiques de ses actes. C’est un mari et père de famille moyen, qui ne sait plus quoi faire de son flot de pognon une fois qu’il a acheté une maison confortable et offert une Cadillac à son épouse. Cet étonnant agent double beauf est joué par Tom Cruise, génial pour faire passer le mix de filouterie et d’espièglerie.
Cette dénonciation ludique des saloperies et conneries XXL des dirigeants américains est mise en scène de façon un peu routinière (Liman n’a pas l’œil esthète d’un Michael Mann), mais tambour battant (aucune cinématographie n’atteint ce degré de punch, de densité et d’ampleur, fût-il la norme à Hollywood). On s’amuse autant que Seal/Cruise mais en riant jaune face à l’incompétence butée de l’administration Reagan qui passerait pourtant pour géniale en comparaison de l’actuelle. Espérons ne pas attendre trente ans pour le Barry Seal de l’ère Trump.
Barry Seal : American Traffic de Doug Liman (E.-U., 2017, 1 h 55)
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