Directeur du festival Mettre en scène, François Le Pillouër réaffirme son combat pour la reconnaissance, en Europe, de la création en théâtre et en danse.
L’actrice Valérie Lang nous a quittés en juillet, vous lui dédiez cette 17e édition.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
François Le Pillouër – C’est une perte immense, Valérie Lang a été pour nous à l’origine de créations magnifiques. Choqués par la nouvelle de sa maladie puis bouleversés par celle de sa mort soudaine, nous avons décidé de lui dédier cette édition. Que ce soit avec Stanislas Nordey ou Christine Letailleur, Valérie Lang a participé à quatorze spectacles au Théâtre national de Bretagne et a été présente lors de sept éditions de Mettre en scène. C’est considérable. Tout lieu de théâtre se constitue autour d’une famille d’artistes… Par son talent d’actrice et sa lucidité dans le domaine de l’art, Valérie Lang a contribué à l’essor de notre théâtre. Elle avait une énergie débordante et son engagement de comédienne comme de femme dans la vie publique était extraordinaire.
Comment se construit un festival qui essaime sur dix-huit lieux en Bretagne ?
Au fil des années, de nombreuses villes de la région nous ont rejoints. Les spectacles naissent en Bretagne, mais à travers les tournées, ils sont vus dans toute la France. La Bretagne se doit de montrer qu’elle peut construire un chemin de modernité. A ce titre, le projet Prospero développé par le TNB, Centre européen théâtral et chorégraphique, nous aide à tisser des liens avec des partenaires dans cinq villes d’Europe. C’est toujours un pari de réunir les deux disciplines sur un pied d’égalité. Mettre en scène met un point d’honneur à proposer une rencontre internationale de metteurs en scène et de chorégraphes…
L’ouverture à la création passe donc par l’Europe ?
C’est une question essentielle. Je pense qu’il faut réussir l’Europe malgré les libéraux. Je suis dans le camp des Européens convaincus… Mais il peut exister une Europe différente : démocratique, sociale, attentive aux autres cultures. Une Europe pacifiste qui s’appuie sur ses traditions d’ouverture et demeure une force de proposition pour les autres continents. Nous essayons de faire vivre cette « autre Europe » avec les artistes.
Une forme de résistance pour contrer une crise économique qui n’épargne pas la culture ?
Notre idée est qu’il est indispensable de se regrouper pour défendre le théâtre et la danse. En ce moment, les arts de la scène sont attaqués, voire asphyxiés économiquement. On le voit avec les baisses de budget du ministère de la Culture qui frappent durement le spectacle vivant. Il faut réunir tous ceux qui pensent que la création contemporaine est indispensable à la vie de notre société. Avec eux, il faut créer des fractures, inventer les leviers d’un rapport de force apte à faire naître de nouvelles utopies.
Le succès public confirme cette ligne éditoriale ?
En Bretagne, on publie toujours les affluences des festivals de rock, je me félicite que Mettre en scène tienne aussi son rang avec 35 000 spectateurs ! Les gens sont passionnés par ce qu’ils découvrent sur leurs écrans tactiles, mais ils se rendent compte aussi que le retour au réel et à la rencontre humaine est une nécessité… C’est précisément ce que nous leur proposons.
Patrick Sourd
festival Mettre en scène du 4 au 27 novembre
{"type":"Banniere-Basse"}