Pluie normande sur fond de musiques actuelles à dominante électro, la quinzième édition du Nordik Impakt a cloturé ses portes ce dimanche matin. On y était, on vous raconte.
Quinze ans déjà que beats et variations électro rythment la ville de Caen une semaine durant. Bars, lieux d’exposition, appartements, églises, la globalité de la ville est réquisitionnée pour délivrer une masse informe de décibels sur les pavées caennais. Et même si le festival tend à se démocratiser depuis quelques années en accueillant l’éclectisme en ses murs, les rendez-vous pour les amateurs et les professionnels de la musique électronique demeurent.
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Le Nördik se démocratise, et on a pu le constater grâce à une inauguration étonnante. ACTE I – Daniel Bevilacqua, autrement plus connu sous le nom de Christophe, vient poser ses mots bleus dans l’enceinte de l’Eglise Saint Nicolas. Ténor de la chanson française, l’interrogation se pose cependant quant à sa présence. C’est sous le chapiteau, ou la yourte, du Magic Mirrors monté pour l’occasion que les hostilités se concrétise. Ouvert tout en douceur par la folk de l’Israélien Ori, les jeunes parisiens de Caandides lui emboitent le pas pour orchestrer leur pop électro juvénile. Sur un jeu de lumière remarquable, leur musique se traduit cependant par un enchevêtrement de guitares et synthés plus bordélique que mélodique. De la folk à l’électro, il n’y a qu’une scène, ces premiers concerts au Magic Mirror se terminent par la présence de Barbara Lehnhoff aka Camilla Sparksss, membre de Peter Kernel. Blonde agitée mixant une électro syncopée à la croisée entre les Crystal castels et deux haches de bucherons bien frappées.
ACTE II – Si le chapiteau-yourte de la place Saint-Sauveur va bon train, nous décidons de nous diriger vers les Nördik Appart. Entendons : de braves personnes n’ayant pas peur de confier leur logis pour accueillir une vingtaine de personne dans l’optique que des artistes puissent se produire dans un cadre (très) intimiste. Organisés depuis 5 ans par l’association Happy Daymon s’occupant de la promotion de la scène locale, les artistes de Caen, comme étrangers, peuvent jouer pour un public d’initiés. De la folk de Kinshasa à la présence de Kim, animateur de l’inRocks lab, c’est vers Fox Renard que notre coeur balance. Timides et humblement armés d’une guitare et de leurs cordes vocales, ces trois jeunes caennais goupillent une folk harmonique sur envolées lyriques où la superposition des tonalités fait oublier, le temps d’une heure, les tracas de chacun.
ACTE III – A nouveau dans l’église désacralisée de Saint-Nicolas, C’est FAUVE qui vient squatter la scène christique. Après leurs premiers concerts hors de l’hexagone à Londres, Bruxelles ou Montréal, les cinq garçons forcent peut-être le trait pour leur prestation normande. Problèmes de réglages ou lieu inadéquat, la voix du chanteur se perd dans l’écho de l’espace. Réputés pour leurs complaintes à la poésie contemporaine, les textes souvent inaudibles en renfrognent plus d’un. Avec un live appréciable grâce à leur projection vidéo, les Kané, et autre 4000 îles sont à l’identique de leur ep. On notera une prise de risque bienvenue pour Nuits fauves, sans pour autant émouvoir l’assemblée.
ACTE IV – Le jour tant attendu : la soirée de clôture souvent encensée par la population caennaise. Ici est là, nous pouvons entendre des « Tu vas à la soirée de clôture ?« . A croire que le Nördik Impakt est caractérisé par l’évènement. Autrefois dans le Parc Expo, voilà plusieurs années qu’elle a pris domicile sur la presqu’île, avec pour symbole le Cargö. Après une soirée indé le mardi marquée par la présence de Aufgang, BRNS ou Toxic Avenger, et électro le mercredi avec Maissouille et Beataucue (entre autres), samedi, c’est le grand soir.
A notre arrivée, le local Fakear se produit sous le chapiteau. Largement connu pour emmener les auditeurs dans les pays d’Orient avec son ep Morning in Japan, c’est avec surprise que nous découvrons une nouvelle ligne. Ayant traversé l’océan Indien pour aborder les côtes australiennes, Fakear joue de son pad pour se rapprocher dangereusement des quelques Flume ou Ta-Ku pour son ep à venir, Dark Lands. Woodkid, ou plutôt Sieur Yoann Lemoine prend sa suite. Casquette vissée sur le haut du crâne, barbe en apparence, c’est un show à la percussion proéminente que nous offre l’enfant des bois sur le Golden Age. De Brooklyn à Iron, un concert crescendo où les timbales font haleter un public à la chaleur infernale dans un spectacle visuel évangélique.
Place au Cargö où le blond ténébreux Jackson and his Computer Band dévoile un live sur fond pop et électro onirique. Entouré de son crew d’ordinateurs, un large sourire s’affiche sur l’interprétation de son dernier album Glow. Non sans penser au clip phallique de « G.I. Jane« , les genres se mêlent sous une mélodie sensuelle et électrisante. Déçus de rater Brodinski qui joue au même instant, notre regard se brouille mais ne peut s’empêcher de se tourner vers le Lyonnais Gesaffelstein. L’atmosphère oppresse, s’alourdit, jusqu’à la première note d’Aleph. Un flot de sonorités synthétiques envahissent le chapiteau presque deux heures durant, si les souvenirs ne défaillent pas. Le regret sera également de ne pouvoir assister au live de Rone pour cause de Cargö plein.
ACTE V – La pluie et la boue n’ont pas découragé les festivaliers. Avec un carton plein, et toujours autant de propositions de MDMA et cocaïne à l’angle d’un mur, 7500 festivaliers sont venus visiter la presqu’île de Caen pour prendre le large à bord des sonorités électro d’hier et d’aujourd’hui.
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