Dans “After the Walls (Utopia)” un conférencier bouscule les idées reçues sur l’habitat contemporain. Un spectacle culotté et assez fou par une dramaturge belge qui n’a pas froid aux yeux.
La dialectique peut-elle casser des briques ? Ce n’est pas tout à fait le karatéka situationniste que propose Anne-Cécile Vandalem dans ce spectacle, mais une vision passionnée, un brin apocalyptique, exposée par un conférencier dont l’éloquence oscille entre le bonimenteur de supermarché et la prophétie inspirée.
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Architecte de son métier, le personnage interprété avec entrain par le comédien Vincent Lécuyer s’appelle Bernard Loizeaux. On se méfie toujours quand un type nous promet un avenir radieux en prétendant apporter tout un stock de bonnes nouvelles. L’homme dénonce l’enfermement et le repli sur soi. Des maux issus selon lui de l’habitat moderne où les êtres humains sont entassés comme dans des clapiers. Un autre monde est possible, explique-t-il. On veut bien le croire. Mais comment ?
S’appuyant, entre autres, sur les écrits de Bachelard, il évoque l’habitat primordial et le fait que l’espace ne soit pas une donnée neutre. Utopiste quelque peu halluciné, ses arguments puisent leur force dans une rêverie débridée. Par moments, il rappelle ces illuminés que l’on croise dans les romans de Dostoïevski dont les propos sont d’autant plus ambivalents qu’ils contiennent une part de vérité. Des images en fond de scènes montrent des immeubles en train de s’écrouler.
Impossible en voyant ce spectacle de ne pas imaginer une suite ou une réponse. Anne-Cécile Vandalem l’a prévu. After the Walls a en effet été conçu sous la forme d’un diptyque dont la première partie, Utopia , sera suivie en 2014 d’une deuxième partie intitulée Dystopia. Depuis quelques années, cette dramaturge et metteuse en scène déploie ses créations sous forme d’épisodes comme autant d’étapes d’une pensée en marche. Ainsi ces deux spectacles s’inscrivent dans un ensemble plus grand intitulé Parenthèses, centré autour de la question de l’habitat et de sa signification pour l’individu ; à l’image d’Habit(u)ation, création présentée en 2011 et unanimement applaudie dont le sujet préfigurait d’une certaine manière les problématiques abordés dans After the Walls (Utopia).
After the Walls (Utopia), de et par Anne-Cécile Vandalem. Avec Vincent Lécuyer. Du 13 au 15 novembre à Rennes (35), Festival Mettre en Scènes. Du 21 au 23 novembre à Bordeaux (33). Les 28 et 29 novembre au Havre. Du 3 au 7 décembre à Namur (Belgique).
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