La promotion de la Palme d’or 2013 a été entachée de polémiques. Reste que La Vie d’Adèle est un séisme de cinéma, et un écrin pour ses deux actrices. Entretien avec Adèle Exarchopoulos, majestueuse révélation du film d’Abdellatif Kechiche.
Enfin, on va revenir à l’essentiel. Parce que figurez-vous qu’avant d’être un cas d’espèce du droit social dans la sphère du spectacle, un bouc émissaire de la convention collective du cinéma, un punching-ball médiatique entre un réalisateur et ses actrices, un moulin à rumeurs plus ou moins déformées sur les réseaux sociaux, La Vie d’Adèle est un film. Pas un film de plus qui remplirait honorablement (ou pas) la case de l’actu ciné de la semaine, non, un séisme de cinéma, vibrant et secouant de tous ses plans, un objet filmique saillant dans le flot impétueux des sorties. Face à la puissance tellurique de ce portrait de femme(s) tout en intensité, nuances et précision, qui convoque les plus beaux spécimens du genre à ses côtés (pensez, Loulou, Pas de printemps pour Marnie, Monika, L’Avventura, Opening Night, A nos amours, Mulholland Drive…), tout le bla-bla polémique apparaît bien dérisoire.
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Des têtes d’affiche au moindre second rôle, tout le monde est bon sous l’oeil d’Abdellatif Kechiche, cinéaste qui sait regarder les actrices et acteurs et sublimer leur génie. Léa Seydoux, plus durement encore qu’Adèle, a beau critiquer les conditions de tournage (peut-être à raison), elle se rendra bien compte un jour qu’elle a trouvé là son expression la plus forte et son plus beau rôle. Si La Vie d’Adèle est un écrin d’acteurs, un film de couple où l’alchimie entre les deux protagonistes est fondamentale, à son sommet trône Adèle Exarchopoulos, révélation aux sens classique, photochimique et quasi mystique du terme. Dernière pépite d’une mine d’or kechichienne où figurent Sara Forestier et Hafsia Herzi, c’est elle qui tient le film du premier au dernier plan, c’est son visage et son corps qui en sont les sujets en majesté et on la voit grandir, se transformer, dans ce qui est finalement un double portrait initiatique d’actrice et de personnage.
On a rencontré Adèle Exarchopoulos, et ça tombe bien : elle est autant saturée que nous par les remous parasitaires qui occultent la réussite exceptionnelle d’un travail filmique auréolé d’une Palme d’or méritée. Mélange de beauté glamour et de jeune femme encore éclaboussée d’adolescence, exprimant déjà une belle maturité avec les tournures et le phrasé de sa génération, Adèle E. revisite avec clairvoyance son jeune parcours, de ses premiers petits pas au théâtre à l’énorme aventure d’un film qui fera date.
L’envie de devenir comédienne t’es venue très tôt ?
Adèle Exarchopoulos – J’ai fait du théâtre avec mes potes, rue Lepic, pendant pas mal d’années. J’avais 7 ou 8 ans quand j’ai commencé et pendant toute cette période, je ne savais pas si je voulais devenir actrice. Je ne me souviens plus de ce qui m’a donné envie de faire du théâtre à l’origine. Je crois que j’avais envie d’essayer pour le plaisir enfantin de jouer, de se déguiser. Un jour, une directrice de casting est venue nous voir, j’ai passé un test pour Le Cou de la girafe et je n’ai pas eu le rôle. Mais ma vidéo a circulé dans les agences et, un jour, on m’a proposé un essai pour un court métrage en bénévolat. Je l’ai fait et un acteur a parlé de moi à son agent, qui est devenu mon agent. Mais, même à ce moment-là, je n’étais toujours pas consciente que je voulais en faire un métier.
Quand est venue cette prise de conscience ?
Plus on grandit, plus on mesure qu’on peut avoir ses chances. Et plus on enchaîne les tournages, plus on y prend plaisir. La prise de conscience que c’était mon métier est très récente : juste avant le film d’Abdel, sur le film Des morceaux de moi, mon premier premier rôle. J’avais certes déjà fait quelques films Tête de Turc, La Rafle…), mais que des petits rôles. J’y prenais du plaisir mais je n’y croyais pas comme à un métier solide. Je viens d’une famille qui n’est pas dans le cinéma et quand t’as 14 ans, un salaire, une régie autour et que tu t’éclates avec plein de gens, tu prends ça comme un jeu, pas comme un métier sérieux et durable.
Etais-tu cinéphile ? As-tu des actrices ou acteurs qui t’ont marquée, servi de boussole, d’inspiration ?
Je n’ai pas vu tous les classiques du cinéma, loin de là, mais j’adore regarder des films de tous genres et apprendre. Mon père avait beaucoup de DVD à la maison et j’en regardais énormément. Au bout d’un moment, à force de chercher, on trouve ce qui nous plaît le plus. Car tout m’intéresse, mais tout ne me plaît pas. Moi, ça a été Hitchcock, Scorsese, Tarantino, le cinéma italien, plein de choses différentes, en fait. C’est toujours difficile de citer les films qui marquent, il y en a tellement. The War Zone de Tim Roth m’avait beaucoup impressionnée. Des acteurs de Scorsese comme De Niro ou DiCaprio m’ont bercée. Quand on regarde leur filmo, il y a peu d’erreurs, on sent qu’ils construisent leur carrière, qu’ils savent s’abandonner dans plein de rôles différents… C’était trop bien de les voir jouer. Sinon, j’avais beaucoup aimé American History X. Edward Furlong a disparu depuis, il s’est fait blacklister à cause de ses problèmes d’alcoolisme. J’admire certains acteurs pour un seul rôle, d’autres pour leur carrière, mais je n’ai pas de modèle précis.
Comment Abdellatif Kechiche et toi vous êtes-vous rencontrés, découverts ?
Par un casting. Je faisais de l’impro avec plein de gens différents, j’ai eu plein de call back sans suite, jusqu’au jour où j’ai rencontré Abdel. C’était dans son café habituel, à Belleville, on a bu un verre. Au début, on ne s’est pas vraiment parlé, et je voyais déjà qu’il avait quelque chose, qu’il était à la fois rêveur et habité. Il m’a dit « parle-moi de toi », je lui ai répondu « ça va être chiant, j’ai que 19 ans… Je vais pas te faire un parcours de vie, mais si tu veux me poser des questions, vas-y… » Et on est restés dans le silence. Puis il m’a rappelée, on s’est vus plusieurs fois, il me testait, me demandait de faire du sport, de faire des essais avec plein de rôles différents, y compris le rôle qui serait celui de Léa. Tout ça pendant deux mois, mais je n’avais toujours pas de réponse. Et il m’a finalement libérée en me disant que j’allais jouer dans son film. Je n’étais pas la seule candidate, il a vu tout Paris pour ce film. Être choisie dans ces conditions, ça fait plaisir. On a toutes connu les castings où t’es en compète avec tout le monde, y compris avec tes copines, les petites humiliations où on te refuse parce que t’es trop vieille, trop jeune, trop petite, trop ci, trop ça… Mais le principal était de travailler avec Abdel. Mon état d’esprit de départ, c’était de ne pas me prendre la tête, de tout faire pour correspondre au rôle. Un premier rôle, ça fait peur aussi, on se dit qu’on va porter le film sur ses épaules.
Connaissais-tu le travail de Kechiche ?
Je connaissais les films d’Abdel, leur intensité, leur façon de rendre justice aux femmes, à leur puissance et leur mystère. J’ai découvert plus récemment La Faute à Voltaire, je crois que c’est mon préféré. Son cinéma me parlait. Abdel peut partir d’un quotidien tout simple, banal, et en faire quelque chose de bouleversant. Il parvient à tenir en haleine sur de longues heures, et t’en redemande. Il veut s’approcher au plus près du mystère de la vérité. Ses films sont comme certaines rencontres marquantes dans une vie. J’adore sa façon de partir de pas grand-chose pour monter vers des sommets d’intensité. Et j’adore la place centrale des femmes dans ses films, les scènes de repas, de transe… La présence des hommes dans son cinéma est plus pudique, pour une fois, et ça me plaisait énormément. Dans La Vie d’Adèle, il fallait jouer une passion. C’était un immense défi.
Connaissant les films d’Abdellatif, t’attendais-tu à un tournage aussi difficile si l’on en croit tout ce qui s’est dit ?
Je m’attendais à un tournage intense, exigeant, mais pas à ce point-là. Je savais que j’allais jouer un personnage depuis le lycée jusqu’au métier d’institutrice, je savais qu’il me faudrait être constante sur la durée sans que ça sonne faux. Il y avait aussi la question de l’alchimie entre Léa et moi. Comme on a commencé direct par les scènes de cul, ça a très vite brisé la glace entre nous ! Abdel avait raison sur ce plan-là, ça nous a décoincées direct. Avec Léa, au début, je me disais qu’il ne fallait pas que je me force à être amie avec elle : on va travailler, jouer ensemble pendant cinq mois, elle est plus connue, plus expérimentée, elle joue le personnage le plus masculin des deux… Je me suis dit, laisse-toi porter, tu verras bien : au pire, on est là pour travailler. Et en fait, on s’est super bien entendues, dès le début. On est vite devenues amies, alliées. Notre complicité était essentielle à la réussite du film. Avec Léa, j’ai vécu des choses condensées en cinq mois que je n’ai vécues avec personne d’autre.
Il y a eu pas mal de polémiques autour des conditions de tournage, dont certaines alimentées par des entretiens avec Léa et toi. Qu’en est-il vraiment ?
La dureté du tournage et la beauté du film vont ensemble ! Un tournage, c’est une aventure humaine, avec ses hauts et ses bas. C’est un piège de nous poser des questions sur les difficultés du tournage, surtout dans le cas du cinéma d’Abdel qui est un cinéma de création. Bien sûr que l’on peut passer des heures sur une scène à chercher, à rater, à refaire, à s’énerver, à se bloquer, etc. C’est dur de vivre et de travailler pendant cinq mois avec les mêmes gens, surtout sur une histoire de passion. Il y a eu des difficultés, mais c’est normal ! Quand tu joues la souffrance, il est évident qu’à un moment tu en veux à celui qui te la fait jouer comme s’il te l’infligeait. Et c’est vrai qu’il m’est arrivé parfois d’en vouloir à Abdel, mais c’était pour le film et je suis sûre que lui-même le comprend. Mais je m’en voulais aussi à moi-même, me posant un tas de questions : est-ce que je donne trop ? Pas assez ? Est-ce que mon personnage souffre autant ? Est-ce que je suis juste ? Mais bon, faut arrêter, ce n’était pas non plus la torture. Tous les grands cinéastes, Hitchcock, Kubrick, étaient durs et exigeants sur un plateau.
Léa et toi avez quand même dit des choses très dures, parlant de tournage « horrible », de l’inhumanité de Kechiche…
Tout le monde s’est excité sur nos propos, sauf que j’ai lu des trucs que je n’ai jamais dits ou des interprétations malveillantes de mes propos. Par exemple, quand je dis qu’Abdel nous manipulait, ce n’était pas du tout péjoratif dans mon esprit. On se manipule tous, notamment sur un tournage. Je voulais employer un autre mot que le cliché habituel de la « séduction » entre un réalisateur et ses actrices. Le réalisateur veut amener son actrice vers quelque chose, et l’acteur ou l’actrice aussi veut conduire le réalisateur vers un endroit… C’est ça le cinéma, un système relationnel dont la nature et l’intensité n’ont pas d’équivalent ailleurs.
En faisant le bilan, entre les difficultés du tournage et le résultat à l’écran, la réception critique à Cannes, la Palme d’or, regrettes-tu d’avoir fait ce film ?
Mais pas une seconde ! Il est évident que ça valait amplement le coup de faire ce film, même si c’était parfois difficile. A un moment, je ne comprends même pas toutes ces polémiques. Tout ça est parti de propos cités hors contexte et montés en épingle. Si les gens voyaient l’intégralité de ce fameux entretien (à Daily Beast), ils seraient morts de rire. On a raconté quelques anecdotes difficiles avec beaucoup de distance, de légèreté, on en souriait entre nous. C’était digéré pour nous depuis longtemps, mais tout le monde en a fait un scandale. On oublie qu’à côté de ces anecdotes difficiles, on a aussi dit qu’Abdel était un génie. Le film est magnifique et c’est quand même ça le plus important.
Votre entretien entrait en résonnance avec les propos des techniciens au moment de Cannes…
On a tout amalgamé. Le vécu des techniciens était très différent du nôtre. Eux ont soulevé des questions de droit du travail, nous, c’était plus émotionnel. Mais faut arrêter, Abdel ne nous a ni frappées ni torturées, il nous a juste demandé de tout donner. Alors il y a des jours où on donne tout, et d’autres où on a moins envie de tout donner, parce que c’est dur de garder une même intensité pendant des mois. Mais je ne regrette absolument rien et je ne me plains pas. Des gens triment tous les jours, moi je fais un métier où j’apprends énormément. La Vie d’Adèle a été une école magnifique, j’ai appris sur moi et mon métier comme jamais. Abdel m’a tirée vers le haut… tout le reste, c’est des conneries. Abdel et Léa, je les aimerai toujours, je ne les oublierai jamais.
Pendant le tournage, au-delà des difficultés, tu sentais que vous étiez en train de faire un grand film ?
Léa et moi, on n’avait pas envie de décevoir Abdel parce qu’on sentait bien qu’il était en train de nous offrir un personnage et une histoire rares. On ne savait pas si ça allait fonctionner complètement, mais on savait que ce n’était pas un film conventionnel et que ça allait marquer. Le système d’Abdel pousse à la création, à donner le meilleur de soi-même. Parfois c’est difficile, parce que cinq mois, c’est dur, parce que jouer une passion, c’est dur… Mais au final, Abdel nous a élevées.
Comment as-tu reçu le film quand tu l’as découvert sur l’écran ? C’est dur de jauger un film dans lequel on joue. Quand je découvre le film à Cannes, ça me rappelle plein de choses, ça me touche, me manque, me bouscule, me questionne, ça me fait mille choses à la fois. Mais je me dis que je n’ai jamais vu ça. Et ce qui me fait vraiment plaisir, c’est que ça raconte une histoire à laquelle tout le monde peut s’identifier.
Quand je vois des potes qui me disent « putain, là, j’avais l’impression d’être avec ma meuf », c’est ce qui me touche le plus. Même dans le cinéma d’Abdel, je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi moderne, d’aussi intense.
Que penses-tu des scènes de sexe dont on a aussi beaucoup parlé ? Les gens qui ont durement jugé ces scènes expriment à mon avis un sentiment de frustration. Je ne vois pas comment on peut juger. Le sexe, c’est personnel, subjectif, intime. J’aime ces scènes parce qu’elles sont nécessaires au film, parce qu’elles sont belles, puissantes, viscérales et montrent que ce qui se passe entre ces deux nanas est plus fort que tout. Le film se joue au niveau de la peau, de la chair… A côté de ça, ce qui a pu me gêner dans ces scènes la première fois que je les ai vues relève d’un truc très personnel, lié au fait que c’est moi qui les joue. Pas facile de se voir nue sur un grand écran pendant sept minutes, avec tous mes défauts, tout ce que j’essaie de cacher aux autres et peut-être à moi-même. Normal que ça me touche. Mais à part ce point qui ne concerne que moi, je ne comprends pas bien les critiques. En Amérique, beaucoup les vivent moins bien. Je crois que c’est lié à de la frustration : ces scènes les excitent autant qu’elles les dérangent. Pourtant, c’est de l’amour pur. Ce qui est dingue, c’est que les films américains montrent beaucoup de sang, de violence, de crimes… et que ça dérange moins qu’une scène d’amour.
Le film a été présenté au moment des débats et manifs autour du mariage pour tous. Es-tu sensible à cet aspect du film, même s’il est secondaire ?
J’adore le film, on y apprend plein de choses, mais je ne sais pas comment il va être reçu par le public. J’ai hâte de voir comment réagissent les gens. La Vie d’Adèle montre une histoire d’amour entre deux femmes et il est tombé en plein débat sur le mariage pour tous, mais au début du tournage, il n’était pas du tout question de cet aspect sociétal. Moi, je ne suis pas engagée, pas militante de la cause homosexuelle. C’est le jour de la Palme qu’on a réalisé l’ampleur de la coïncidence entre le film et la loi sur le mariage pour tous. A part dire que c’est une magnifique coïncidence, je n’ai pas grand-chose à ajouter. Ce n’est pas un film militant, ce n’est pas un film sur le lesbianisme, c’est une histoire d’amour et d’apprentissage de plein de choses : sexe, sentiments, culture, sortie de l’adolescence… Il est très riche, ce film. J’espère qu’il fera se poser des questions aux spectateurs, qu’il fera évoluer certaines mentalités, c’est aussi pour ça que je vais au cinéma.
Le film a obtenu une triple Palme d’or, pour Abdel, Léa et toi. C’est historique. Vous avez chamboulé la règle cannoise qui stipule un seul prix par film.
C’était un rêve, je n’y crois toujours pas, on a halluciné. On était dans la chambre à se coiffer avec Léa, on se disait « putain, pourvu que le film ait la Palme », et en même temps, on se disait « s’il a la Palme, nous, les actrices, on n’aura rien ». On était tiraillées. Quand Spielberg s’est levé et a annoncé nos trois prénoms, j’ai rien compris ! Sur le moment, on ne réalise pas. On monte sur une scène où se trouvent des cinéastes et acteurs avec les films desquels on a grandi… Spielberg, quoi, et Christoph Waltz, et Nicole Kidman, et Cristian Mungiu… T’es là, tu sais pas quoi dire, c’est énorme. J’ai pris ce qu’il y avait à prendre. On a une triple Palme, c’est magnifique parce que c’était vraiment une collaboration, on est tous les trois essentiels au résultat produit. Cette triple Palme est historique certes, mais je crois surtout qu’elle est juste. Moi, à 19 ans, j’étais déjà toute contente d’être sélectionnée à Cannes, alors la Palme, j’y pensais même pas.
La réception critique à Cannes a aussi fait énormément plaisir. C’est bien de se sentir comprise. Après cinq mois à bosser dur au fin fond de Lille, ça y est, on y était, avec un film magnifique, précieux, singulier.
Tu as échangé avec Spielberg ?
Un peu, à la soirée après le palmarès. Il nous a dit que c’était la plus belle histoire d’amour qu’il ait vue au cinéma, qu’il montrerait le film à ses enfants et ne pourrait plus se passer de gros plans. Trop bien ! On a parlé aussi à Christoph Waltz qui nous a dit qu’il fallait garder précieusement notre talent, et travailler. Lui aussi c’est un génie, un maître dans son art. Il est dément dans les films de Tarantino.
Après une telle aventure, comment sens-tu l’après ?
La Palme d’or, c’est génial mais ça peut faire peur. Faut pas que je me prenne la tête à me dire que tout le monde va m’attendre au tournant, faut pas se mettre la pression… Je me donne le droit de toucher à d’autres sujets, de rencontrer d’autres gens, de faire d’autres types de films… Je vais faire un film avec Sara Forestier, c’est génial, d’autant qu’on vient toutes les deux de la même « école ». J’aurai un rôle de composition puisque je jouerai une bègue. C’est sûr que la Palme change des choses pour moi, les gens s’excitent un peu plus que quand je galérais, je reçois plus de propositions, mais l’essentiel, c’est de lire de bons scénarios et de s’impliquer dans de beaux projets.
Propos recueillis par Serge Kaganski
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