Evadé du hip-hop, le rappeur français livre un nouveau disque sans patrie, sombre et audacieux.
Une douzaine d’albums, autant de vies, autant d’envies, en marche arrière, en marche avant, en mouvement constant, sans calculs, pour un présent toujours instable, toujours provisoire. Disiz pourrait jouer le vétéran, le vieux sage, dans un jeu où l’on vieillit vite et souvent mal.
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A un âge où tant d’autres pontifient, s’enferrent dans leurs certitudes, se sclérosent dans un son, une attitude et une garde-robe dépassés, lui reste à l’écoute. Pas seulement du tiroir-caisse de la nostalgie – ça, il l’a déjà exploré avec Rap machine (2015), à l’écoute de ceux qui étaient encore à l’état de spermatozoïdes ou de bambins à l’époque (le début du siècle) où lui chantait J’pète les plombs. Alors que tant d’autres de sa génération finiront par se clasher, impuissants, à grands coups de déambulateurs, lui se frotte ici à une génération qui, de Jorrdee à Odezenne, documente le morose, murmure en crânant la désillusion et les faiblesses des générations perdues.
De la beuh dans les épinards
Comme eux, Disiz vit sans papiers, sans pedigree, dans ces no man’s land qui sont autant de points d’interrogation entre les frontières des genres, des styles. Seule certitude : ça ne bombe pas le torse sur Pacifique, même sur les deux titres où le fan Stromae vient mettre de la beuh dans les épinards. Mais c’est touchant, quelle que soit la grammaire utilisée par ces mots pleins, massifs, vulnérables, en caoutchouc – de l’electro fêtarde à la chanson sépia à la Souchon qu’il reprend logiquement. Evoquant l’insolite Ça va aller, lui convoque les fantômes d’Everything But The Girl et Massive Attack et il a raison, en faisant danser avec volupté et langueur la mélancolie. Car si l’album s’appelle Pacifique, entre deux coups de soleil, il y a eu marée noire.
Concerts le 5 octobre le à Montpellier, et le 13 à Marseille.
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