Une love story très pop avec des pigeons dedans, une bio du père de Mario, un casse-tête iPhone somnambule et la dure vie de mineur dans un western steampunk : l’actualité vidéoludique de la semaine par Erwan Higuinen.
Jeu de la semaine : Hatoful Boyfriend
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Comment ? Alors que le nouveau Sims est de sortie, on choisit un obscur indé japonais comme jeu de la semaine ? Pire : Hatoful Boyfriend est un visual novel, c’est-à-dire une sorte de manga dématérialisé dont les pages se tournent d’un clic de souris. Et pourtant, cette teen fiction hybride, entre mélo surréaliste et simulation de drague vaguement zoophile, est bien ce à quoi on peut jouer de plus emballant en ce moment. De plus touchant. De plus excitant.
Hatoful Boyfriend n’est pas n’importe quel visual novel, genre florissant au Japon dont relève en partie une série comme Phoenix Wright. Le jeu qui vient d’arriver sur Steam (PC et Mac, PigeoNation / Mediatonic / Devolver Digital, 7,99 €) est en effet le remake HD d’une création de la mangaka Moa Hato qui, après un lancement discret en 2011, a tourné au phénomène culturel.
Le joueur occidental risque d’être surpris. D’abord par l’interactivité limitée – à quelques QCM près, on se contente ici de faire défiler sur l’écran les phrases de texte. Mais c’est surtout l’histoire qui étonne car il y est question d’une jeune fille admise dans une université dont tous les autres étudiants sont des oiseaux. Le phénomène ne touche pas que la fac : le café dans lequel notre héroïne trouve un job d’été, par exemple, est tenu par un perroquet et, parmi ses premières rencontres (amoureuses ? ça dépend de nous), on note la présence d’une colombe et d’un moineau.
Il y a une bonne dose de satire dans Hatoful Boyfriend, qui utilise subtilement son artifice animalier pour aborder de biais ou, au contraire, avec une frontalité désinhibée, pas mal de situations piquantes (scolaires, amoureuses, etc.). Lesquelles, grâce au décalage produit, s’éclairent d’une lumière nouvelle. Au-delà de ses piafs in love, le jeu séduit aussi par sa façon de croire en la force de l’écrit, du mot qui surgit devant nos yeux et, soudain, change tout. On s’en réjouit profondément.
Livre : Sur les traces de Miyamoto de William Audureau
Shigeru Miyamoto, le père de Mario et Zelda, a souvent expliqué ce que ses jeux doivent à ses souvenirs d’enfance, à ses balades de petit explorateur dans la campagne japonaise. Dans sa biographie du père de Mario (qui couvre la période 1952-1986), le journaliste William Audureau commence par là : par aller voir à quoi ressemblent vraiment ces fameuses grottes du Komugiyama. C’est l’une des grandes qualités de Sur la traces de Miyamoto (éditions Pix’n Love, 356 pages, 22 €) qui, en plus de raconter en détail le parcours du game designer, managea raté et designer industriel défroqué, fan d’Hitchcock et des Beatles, d’Easy Rider et de musique bluegrass, le replace toujours dans une réalité, un mouvement, une géographie plus vastes – le Japon, les années 60 à 80, l’essor des jeux vidéo et de Nintendo. C’est une enquête et (presque) un roman, un voyage personnel qui ressuscite une époque révolue. C’est épatant.
Mobile : Back to Bed
Quelques semaines après le Mac et le PC, les mobiles iOS et Android accueillent à leur tour Back to Bed (3,59 €), l’étonnant jeu de réflexion du studio danois Bedtime Digital. Le but, ici, est de guider un somnambule jusqu’à son lit en dirigeant une sorte de chien à tête humaine (!) qui place des pommes géantes sur son passage (!!) pour le faire repartir dans la bonne d’histoire, le tout prenant place dans un univers surréaliste sous l’influence flagrante de Salvador Dali. Le résultat est aussi troublant que ludiquement stimulant. Seule (petite) réserve : une maniabilité délicate sur l’écran (pas très grand) de l’iPhone.
Indé : SteamWorld Dig
L’arrivée de sa version Wii U après des sorties sur PC, Mac, 3DS, PS4 et Vita est une bonne occasion d’attirer l’attention sur SteamWorld Dig (8,99 €), réjouissant jeu d’action du studio suédois Image & Form aux allures de western steampunk qui marie l’exploration façon Metroid (ou Castlevania, disons « Metroidvania« ) au plaisir de creuser des trous – on pense à Boulder Dash, Dig Dug, Spelunky. Notre héros est un petit mineur qui descend toujours plus loin, en solitaire, en quête de trésors, malgré les dangers. Chaque descente est une petite aventure en soi, nerveuse et tactique, inquiétante mais joyeuse. Une très chouette aventure.
En bref
Compétition de développement en 48 heures, le 30e Ludum Dare qui s’est tenu fait août avait pour thème les « Mondes connectés ». Les internautes ont jusqu’au 16 septembre pour départager les 1 495 jeux inscrits.
Très remarqué sur consoles et PC, Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre (Ubisoft) est désormais disponible sur iPhone et iPad dans une version très réussie. Le jeu est vendu par épisodes (4,49 € pour le premier, 3,59 € pour chacun des trois suivants).
L’excellent studio russe Ice-Pick Lodge (dont on avait aimé l’audacieux Knock-knock) recherche des financements sur Kickstarter pour Pathologic, remake de son tout premier (et impitoyable) jeu qui lâche le joueur dans une ville touchée par la peste. Fin de la collecte le 7 octobre.
https://www.youtube.com/watch?v=dX_0gXkuxVs
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