Valerie Trierweiler lave son linge sale en public dans un livre en forme de règlement de comptes dont « Paris Match » publie des extraits. Où est passé le sens du « collectif » ?
Entre le livre de Cécile Duflot, les « rebellions » à la Arnaud Montebourg, et aujourd’hui le livre-révélations de Valérie Trierweiler, on en serait presque à plaindre François Hollande si on n’était, nous, électeurs de gauche, plus occupés à nous plaindre nous-mêmes, au vu de cet affligeant spectacle de règlements de compte et autres guéguerres entre égos que nous a offert la gauche ces dernières semaines. S’ils voulaient se tirer une balle dans le pied et faire réélire la droite dans trois ans, ils ne s’y prendraient pas autrement. Est-ce la « peopolisation » des politiques, leur transformation en « héros » du spectacle (inaugurée avec joie par Nicolas Sarkozy lui-même, rappelons-le au passage) qui les a rendu à ce point indifférents au « collectif », cette vieille notion qui fut pourtant le socle de la politique ?
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Valérie Trierweiler, si elle est de gauche, sait-elle à quel point son livre fera du mal à la gauche, ou est-elle tellement plus préoccupée d’elle-même, donc de « vengeance », pour se poser la question ? On ne jugera pas ici de la qualité de son Merci pour le moment (Les Arènes), ne l’ayant pas reçu – seul Paris Match, le magazine où travaille Trierweiler, en a eu la primeur.
Lavage de linge sale en public
Certains trouveront peut-être l’exercice de dévoilement des coulisses de la politique et plus particulier de l’Elysée, et de la fonction présidentielle, intéressant. Sauf qu’à en croire la journaliste de Match, Catherine Schwaab, Valérie T s’épancherait avant tout sur ses « mauvaises surprises » au contact du pouvoir, découvrant un monde rompu à l’hypocrisie et à la trahison. On s’étonne déjà que cette ex-journaliste politique face ici figure de jeune oie blanche tombant de la dernière pluie. Hypocrisie, coups bas, et luttes de pouvoir en politique ? On le sait au moins depuis Shakespeare. Le reste de l’article de Match vaut son pesant d’or côté niaiseries : voici Angélique à l’Elysée, belle ingénue blonde, trompée, pleurant, blessée, jalouse, vengeresse. Le problème que pose ce lavage de linge sale en public, déguisé en soap opéra, c’est qu’il éclipsera, comme toujours, les questions les plus graves : celles, entre autres, de l’Ukraine, de l’Irak, de l’extrême pauvreté en France, et on en passe.
Au final, le livre de Valérie Treirweiller n’est que le symptôme de l’immense conformisme de la politique : devoir, pour un président, s’afficher en couple lors des cérémonies publiques, vivre à l’Elysée à la façon d’une famille royale. Si ces « règles » étaient changées, leur vie privée aurait davantage de chances de rester privée. Car pour tout dire, leur vie sentimentale ou leur conjoint ne nous intéresse pas le moins du monde. Ce sont pour des idées que nous avons voté.
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