Il fut une époque, pas si lointaine ? en gros, avant les White Stripes ?, où Jon Spencer Blues Explosion était l’unique entité rock’n’roll digne de ce nom, une étoile dans la nuit, un galion chargé d’or croisant sur des océans de solitude. Jon Spencer, gâté pourri par la vie, avait tout : la classe, […]
Il fut une époque, pas si lointaine ? en gros, avant les White Stripes ?, où Jon Spencer Blues Explosion était l’unique entité rock’n’roll digne de ce nom, une étoile dans la nuit, un galion chargé d’or croisant sur des océans de solitude. Jon Spencer, gâté pourri par la vie, avait tout : la classe, insolente, un talent écœurant, la plus belle femme du monde Puis vint cet autre temps où des hordes d’épigones surgirent de leur garage, crachant leur jeunesse et leur morgue à la gueule du trio. Et le Jon Spencer Blues Explosion de vaciller sur ses bases, de sortir, en 2002, un album (Plastic Fang) simplement moyen, d’offrir le spectacle d’un groupe embourgeoisé, limite « rollingstonisé« .
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Heureusement, Jon Spencer n’est pas Mick Jagger, même s’il lui a beaucoup emprunté. Pas le genre de bonhomme à subir, sans réagir, l’usure du temps, la routine des disques bouche-trous et des tournées cachetons. D’où ce Damage en forme, sinon de catharsis, du moins de renaissance. Un album crédité au seul Blues Explosion, créature protéiforme, phénix et vampire à la fois, croquant dans la vie et avide de sang frais. Si Judah Bauer, Russell Simins et Jon Spencer restent fidèles à leur fonds commun ? le blues ?, c’est essentiellement la forme qu’ils s’attachent à redéfinir, grâce notamment à de revigorantes collaborations, avec David Holmes ou Dan The Automator, Chuck D (Public Enemy) ou DJ Shadow.
Le trait s’est ici nettement (r)affiné, le propos actualisé, d’autant que l’ahurissante maestria technique du groupe lui permet d’évoluer dans tous les registres, du swamp-blues (Spoiled) au funk-rock (Hot Gossip), du surf mutant (Rivals) au punk pataphysique (Fed up and Low down). Surtout, le Blues Explosion, en plus d’une vraie force créatrice, reste une infernale machine à groover, dont l’usage devrait être rendu obligatoire sur les dance-floors. Histoire de réconcilier guiboles, sueur et rock’n’roll.
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