Nicole Ferroni dénonce la manière dont est alloué le budget du Ministère de la Culture dans une chronique sur France Inter.
« Je suis partie à la pêche aux subventions », déclarait mercredi matin Nicole Ferroni, chroniqueuse sur France Inter, face à Fleur Pellerin. Aux subventions allouées par le ministère de la Culture, dont Mme Pellerin a la charge depuis le remaniement.
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L’humoriste a consulté une centaine de petites salles de spectacle, cafés-théâtres, théâtres de quartier et lieux culturels où elle s’est produite ou prévoit de se rendre ; et elle a été « consternée » :
« Du ministère de la Culture, nous ne recevons rien. »
Telle a été la réponse de la majorité d’entre eux. Pourtant, rappelle l’humoriste, le budget alloué à la culture, c’est 2,69 milliards d’euros, sur les 7,6 milliards de l’ensemble du Ministère pour 2014.
Pourquoi ne touchent-ils rien ? « Ce ne sont pas des opéras ou des théâtres conventionnés, avec des pièces conventionnées », ironise Nicole Ferroni. Car pour obtenir des subventions de la part de ce ministère, les responsables des lieux culturels doivent faire leurs demandes auprès des Drac (Directions régionales des affaires culturelles). Autant dire des demandes perdues d’avance pour les plus petites structures. Nicole Chazel, directrice du théâtre de quartier Carpe Diem à Marseille, évoqué dans la chronique de Nicole Ferroni, avoue avoir « renoncé à envoyer des demandes de subventions au ministère » :
« Une année, on m’a dit que si je ne connaissais personne parmi les personnes chargées d’examiner les dossiers, je n’avais aucune chance. »
Du coup, elle s’est rabattue sur les subventions des collectivités territoriales. Mais elles aussi diminuent d’année en année. Pour 2014, elle n’a encore rien reçu. Et c’est pourquoi, comme le précise Nicole Ferroni, Nicole Chazel a « laissé tomber », et fermera son théâtre en décembre prochain.
« Culture »et’ communication, ou culture ‘est » communication »
Mais alors, où va cet argent ? En cherchant un peu, à Marseille, Nicole Ferroni a trouvé. L’heureux élu : le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Le musée a reçu pas moins de 102 millions d’euros en subventions du Ministère en 2013, année où Marseille était capitale européenne de la culture. « Est-ce que l’enjeu de la culture, c’est d’être vu ? », dénonce la chroniqueuse, avant de continuer :
« C’est normal que l’on ne subventionne pas [le théâtre Carpe Diem], car on ne le verrait pas ! »
La culture devient « communication », « marketing » et même « commerce », ajoute enfin Nicole Ferroni. Jointe par téléphone, l’humoriste explique que ce qui s’est passé en 2013 à Marseille, c’est « révélateur de ce qu’est la culture en France : du commerce et de la communication ». En effet, l’argent a été concentré sur de grosses structures, en délaissant les artistes et autres intermittents plus anonymes.
« Je dois ma place à ces salles-là »
« Nicole Ferroni est quelqu’un qui n’oublie pas d’où elle vient », explique Nicole Chazel. En effet, c’est au Carpe Diem que la comédienne a lancé le spectacle qu’elle joue actuellement. Et ses premiers pas, elle les a faits dans la MJC (Maison des jeunes et de la culture) d’Aubagne. Selon elle, sa place, elle la doit à ces salles-là.
« Pour moi, ce sont ces lieux qui fondent la culture, en la rendant accessible à tous, notamment aux jeunes. »
Accessibles au public, mais aussi aux artistes, complète Nicole Chazel. Pour cette raison, l’humoriste riait jaune ce matin sur France Inter :
« C’était drôle parce que comme c’était des centres culturels, je pensais naïvement que c’était subventionné par la culture ! »
Un impact ? Pas sûr
Chronique terminée, Nicole Ferroni a remis un dossier à Fleur Pellerin. Dedans : seize mails de différents acteurs de la culture, qui expliquent ne pas recevoir de subventions, menacent d’arrêter leur activité, et proposent des solutions. Seize mails de personnes qui « chaque jour défendent la culture », argumente la chroniqueuse. Seize mails qui « éviteront un audit », conclut Patrick Cohen. Mais Nicole Ferroni reste réaliste :
« Pour être honnête, je ne suis pas sûre que ça aura un impact. C’était une chronique dans la vie de la ministre. »
À l’antenne, Fleur Pellerin n’a pas réagi, heure des infos oblige. Elle a toutefois pris le dossier.
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