Nous poursuivons notre tour de France des grandes villes avec Strasbourg. Alors que le sénateur-maire Roland Ries (PS) brigue un nouveau mandat, son statut de cumulard et une affaire politico-judiciaire pourraient donner des chances à la droite.
1. Roland Ries, le maire sortant part favori
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Selon un récent sondage BVA pour Le Parisien et France Inter, le sénateur-maire sortant, Roland Ries (PS), partirait favori pour les prochaines élections municipales avec 34 % des intentions de votes dès le premier tour. Un avantage confirmé au second tour, toujours selon ce sondage, puisqu’il réussirait à convaincre 54 % des sondés s’il devait affronter sa rivale de l’UMP, Fabienne Keller. Les deux candidats s’étaient déjà rencontrés au second tour en 2008, Roland Ries avait alors largement dominé dans les urnes avec 58,33% des suffrages exprimés.
2. Des soutiens de taille pour la candidate UMP
La principale challenger au maire, Fabienne Keller (UMP), est aussi sénatrice et a également été maire de Strasbourg, de 2001 à 2008. Pour ne pas subir la même défaite qu’en 2008, la candidate UMP, qui se dit plutôt centriste, compte sur des soutiens de taille. Début janvier, Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, a participé à son premier meeting. Preuve qu’elle veut mettre toutes les chances de son côté, Fabienne Keller est parvenue à réunir les frères ennemis de l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon. Tous deux feront le déplacement dans la métropole alsacienne, le 5 mars prochain, pour soutenir la candidate à quelques jours du premier tour.
3. Strasbourg se joue au centre
Strasbourg est une ville de centre gauche dans une région qui vote à droite. En 2001, Fabienne Keller (UMP) avait profité d’un éparpillement des voix à gauche puisque Jean-Claude Petitdemange, alors adjoint de la maire socialiste Catherine Trautmann, avait présenté une liste dissidente qui avait grapillé 12 % des voix au PS. Cette année, on retrouve plusieurs candidatures centristes en plus de Fabienne Keller, soutenue par l’UMP et le Modem. C’est le cas de François Loos qui présentera une liste pour l’UDI et de Dominique Bézu qui a lancé une liste Modem dissidente.
4. Roland Ries fait campagne à reculons
En 2008, Roland Ries parlait de laisser la place à de nouveaux prétendants. Autrement dit, il ne se représenterait pas en 2014. Pourtant, faute d’accord dans son camp, celui qui avait déjà été maire de 1997 à 2000 semble avoir été contraint de briguer un nouveau mandat. Certains parlent alors de campagne à reculons, le candidat de 69 ans n’étant pas connu pour son dynamisme. Il mène une campagne sereine, et s’appuie notamment sur son bilan en matière de logement, 18 000 nouvelles habitations ayant été construites durant son mandat.
5. La mairie empêtrée dans l’affaire du “tram de Bamako”
“Le tram de Bamako”, c’est sous ce nom que cette affaire politico-judiciaire du mandat socialiste a défrayé la chronique. Une information judiciaire ouverte en 2010 et dépaysée à Nancy est toujours en cours, on soupçonne la mairie d’avoir enfreint, en 2009, le Code des marchés publics en confiant à trois entreprises locales, sans aucun appel d’offres, la réalisation d’une étude de faisabilité sur un tramway à Bamako. Une étude dans laquelle la ville avait engagé 50 000 euros et qui n’a jamais donné suite à un quelconque contrat.
Dans le document, les analystes estimaient que la capitale malienne devrait investir 200 millions d’euros pour mettre en place ce réseau de trams sur pneus. A l’époque déjà, certains avaient révélé l’absurdité d’un tel investissement pour un pays classé 182e mondial (sur 187) en termes de développement humain. Roland Ries reste très discret sur cette affaire qui pourrait lui faire une très mauvaise publicité pour les élections. Il a été entendu en juin dernier par les enquêteurs.
6. Un maire roi du cumul des mandats
En 2013, Le Parisien dressait son Top 10 des “rois du cumul”, et à la neuvième place on retrouvait Roland Ries. Il cumulait alors dix fonctions liées à ses mandats de sénateur, de maire et de vice-président de la communauté urbaine. Il n’a d’ailleurs jamais caché son hostilité à la loi sur le non-cumul des mandats, qui sera applicable dès 2017.
Aujourd’hui, le maire socialiste assure, qu’en cas de victoire, il laissera vacant son poste de sénateur pour le donner à Jacques Bigot, actuellement président de la communauté urbaine de Strasbourg (CUS). Son actuel premier adjoint, Robert Hermann, hériterait alors de la présidence de la CUS. Un jeu de chaises musicales.
7. La bataille pour le siège du Parlement européen
C’est un débat qui dure depuis des années, certains députés européens manifestent régulièrement leur lassitude de faire des allers-retours entre Bruxelles et Strasbourg. Pour eux, il faudrait tout simplement déménager le siège de l’institution dans la capitale belge. Des conséquences qui seraient lourdes pour Strasbourg puisque le Parlement européen engendre 5 200 emplois directs sur place.
Le changement n’est pas pour demain car, pour déplacer le Parlement, il faudrait modifier les traités. Certains tentent pourtant de contourner les règles en réduisant la durée des sessions plénières en Alsace (actuellement chaque session à Strasbourg dure quatre jours). Tous les candidats aux élections municipales sont évidemment d’accord sur le fait que le siège doit rester strasbourgeois. Chacun souhaitant renforcer la “task force”, un groupe réunissant des élus de tous bords et dont l’objectif est de faire du lobbying en faveur de Strasbourg.
8. Attention à l’abstention
En constante progression depuis les années 1980, l’abstention touche particulièrement les élections municipales. A Strasbourg, ça pourrait être un des problèmes principaux de Ries. Il devra convaincre ses électeurs d’aller voter et que tout n’est pas gagné d’avance. En 2008, le taux d’abstention avait atteint 45,32% au premier tour dans la métropole alsacienne (la moyenne française était alors de 35%).
9. Les écologistes veulent plus de poids
Adjoint au maire à l’urbanisme, le Vert Alain Jund a lancé sa propre liste pour 2014. Comme en 2008, où il avait obtenu 8,3 % des voix, il veut négocier une place de choix dans la future équipe municipale. Cette année, les premiers sondages le créditent à plus de 10 %. Des réunions avec le PS se tiendraient d’ailleurs chaque semaine pour négocier les conditions avant l’entre-deux tours. La crainte des socialistes serait qu’Alain Jund, porté par de bons résultats, décide de se maintenir au second tour.
10. Gauche radicale et extrême droite ont encore du mal à convaincre
En 2008, aucune des trois listes de gauche radicale n’avaient su dépasser les 2 %. Cette année, il ne devrait pas y avoir plus de deux listes à gauche, une du Front de gauche et une autre du Parti ouvrier indépendant. A l’extrême droite, il n’y a plus de liste Front national. Le parti a en effet débarqué sa tête de liste pour Strasbourg en octobre dernier, les positions d’André Kornmann ayant été jugées trop extrêmes (depuis il tente de monter sa propre liste). Le parti de Marine Le Pen soutiendra tout de même Jean-Luc Schaffhauser et sa liste du Rassemblement bleu marine.
Le candidat, qui n’est pas membre du FN, se dit plutôt centriste. Il prévient tout de même que sa politique d’attributions sociales privilégiera “ceux qui participent depuis longtemps à notre communauté et non les nouveaux arrivants.” Dans les derniers sondages, la liste réunissait 7 % des intentions de vote, des résultats qui pourraient être meilleurs qu’en 2008, quand les deux listes d’extrême droite (l’une menée par le FN, l’autre par le parti régionaliste “Alsace d’abord”) avaient totalisé 5 % des suffrages.
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