“Tout le monde nous demande si nous sommes sérieux. Mais demande-t-on à Jack White s’il est sérieux quand les White Stripes puisent dans le blues et versent à ce point dans le rétro ? A-t-on déjà demandé à Prince s’il était sérieux quand il se pointait en costume léopard rose et en talons aiguilles ?“, […]
« Tout le monde nous demande si nous sommes sérieux. Mais demande-t-on à Jack White s’il est sérieux quand les White Stripes puisent dans le blues et versent à ce point dans le rétro ? A-t-on déjà demandé à Prince s’il était sérieux quand il se pointait en costume léopard rose et en talons aiguilles ?« , s’énerve Dave, moitié du duo montréalais Chromeo.
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Il faut bien dire que dans la série des grands revivals, personne n’avait encore osé nous faire ce coup-là. Récemment, on avait eu droit aux Bee Gees et à Elton John réhabilités par les Scissor Sisters. Mais qui pouvait prévoir que l’on s’enticherait d’un premier album qui réunit sous sa bannière très étoilée les giclées de synthés de Cameo, l’electro disco new-yorkaise et le funk lascif de feu Rick James ?
C’est pourtant bien le programme des réjouissances de Chromeo, dont l’unique et louable ambition est d’écrire des chansons d’amour sexy sur lesquelles se trémousser toute la nuit. Dans le genre, Chromeo cite le Cool It Now de New Edition comme modèle indépassable. Et réserve une place de choix sur ses étagères aux vinyles de Sylvester et Gino Soccio. Pour ceux dont ces noms n’évoquent rien sinon un vieux cauchemar de jeunesse, essayez juste d’imaginer un Daft Punk qui aurait composé Discovery en regardant Magnum ou Starsky & Hutch plutôt qu’Albator.
Même si les disquaires auront tendance à noyer l’album de Chromeo au beau milieu des dernières productions electro, c’est donc bien un héritage funk que les deux acolytes revendiquent fièrement, au risque de passer pour de sacrés incompris. Avec tous ces tics au doux parfum de formol, Chromeo ne serait rien sans son approche musicale résolument moderne, qui n’oublie pas l’émergence du r n’b et de l’électronique (Me & My Man), ajoutant quelques scratches bien sentis, comme si George Benson avait décidé de recruter les robots de Kraftwerk pour une jam electro-funk à oilpé sur la plage (Mercury Tears) ou si Phoenix avait la bonne idée de se faire remixer par Mantronix (Needy Girl). A l’aise avec la scène, le duo dispose de trois formations en fonction du contexte : en duo avec synthés et talkbox, à trois avec un batteur qui permet de sonner plus rock, ou à cinq avec deux claviers qui assurent une grand fiesta funk. Chromeo n’a peur de rien et, en cette fin d’été, a déjà sorti le disque de l’été prochain.
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