Musique, théâtre et cinéma, rencontre avec les acteurs de la vie culturelle.
Nicolas Lietaert, bassiste des Colt Silvers : “La ville doit multiplier les rendez-vous artistiques”
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“On est venus Strasbourg parce que c’est une ville stimulante pour les jeunes artistes. La proximité avec l’Allemagne se ressent dans l’état d’esprit artistique, c’est ouvert et décomplexé. Strasbourg nous a permis de rencontrer et de collaborer avec des vidéastes, des graphistes, des DJs ou des associations. C’est aussi ici ce que nous avons signé sur le label Deaf Rock. Il est très important que la ville conserve cette ouverture et multiplie les rendez-vous artistiques, pas seulement les gros événements comme la Fête de la musique mais aussi des projets plus pointus.
Strasbourg peut mieux faire, ça devrait être un des lieux moteurs au niveau culturel. Peut-être qu’il faudrait arrêter de voir les différents lieux culturels comme des concurrents. Cette multiplicité des lieux nous a par exemple permis de jouer un ciné-concert dans une salle de cinéma, tout en étant hébergés par la Laiterie pour la création (salle de musiques actuelles de Strasbourg – ndlr), aidés par la ville sur nos projets et, à côté, on reste attachés au Molodoï (une salle culturelle autogérée – ndlr).”
Julie Brochen, directrice du Théâtre National de Strasbourg (TNS) : “Il y a une vraie volonté d’éducation par la culture”
“Je suis arrivée à Strasbourg pour prendre la direction du théâtre en 2008. Je trouve cela assez symbolique que le seul théâtre national en dehors de Paris soit installé ici, en Alsace. J’ai rapidement été surprise par la politique culturelle de la ville, le public est très diversifié, exigeant et ouvert. Par exemple, la Carte culture, qui a fêté ses 20 ans l’an dernier, offre aux jeunes un accès peu coûteux à toutes les formes de cultures : opéra, marionnettes, danse, jazz, etc.
Le TNS doit être un des rares théâtres en France à pouvoir se vanter d’avoir un jeune public, 50% de nos abonnés ont moins de 26 ans. En temps de crise, c’est important que la baisse du pouvoir d’achat n’ait pas de répercutions sur les jeunes. Ici, la culture est prise en compte dans beaucoup d’axes, sur le social par exemple. Il y a une vraie volonté d’éducation par la culture, par des offres très diversifiées. Il y a aussi des échanges constants entre les différentes pratiques artistiques.
C’est une petite ville mais il s’y déroule de nombreux festivals tout au long de l’année, et il n’y a pas un moment dans la saison où il n’y ait de synergies entre les acteurs de la culture.”
Stéphane Libs, gérant du cinéma d’art et d’essai le Star : “La mairie ne soutient pas assez les projets plus alternatifs”
“Il y a beaucoup de choses à voir et à faire, beaucoup de petits festivals, de ciné-débats, d’avant-premières, etc. C’est peut-être mieux qu’il y ait une pluralité d’événements autour de l’image plutôt qu’un gros festival qui absorbe tout, même si le Festival européen du film fantastique de Strasbourg commence à prendre beaucoup d’importance. Pourtant, il y a une pensée trop institutionnelle au niveau des subventions, les grosses structures absorbent beaucoup du budget culturel de la ville. Cela reste dur d’exister si on n’est pas attaché à de grosses institutions.
La mairie ne soutient pas assez les projets plus alternatifs, ou bien elle en soutient un trop grand nombre avec de trop petites sommes. Il serait peut-être préférable de faire des choix, de miser sur tel ou tel projet innovant et de lui donner 10 000 euros plutôt que de distribuer 2 000 euros à cinq projets. La chance de Strasbourg c’est que beaucoup de lieux restent encore à investir, on a notamment des friches industrielles qui peuvent être transformées, comme c’est le cas à Lille par exemple.”
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