Où l’on constate que le cinéma ouvertement fétichiste de Quentin Tarantino appelle ses déclinaisons pornographiques.
En parodie, porno ou autre, il suffit d’un rien pour tirer le matériel initial vers d’autres sphères. Le réalisateur Tarantino XXX a tout compris. Un cinéma, celui de Quentin Tarantino, suffisamment fétichiste pour ne pas exagérer et trois lettres – pas sûr que cela fonctionne avec Jean-Marie Straub.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Objectivement, c’est plutôt réussi : celui qui se présente sur son compte Twitter @Tarantinoxxx comme un « boy-scout du Colorado, fan de skate et de snowboard » a le même amour du mauvais genre et du grain à l’image. Et pour Robert Rodriguez. Au point de transformer son site (grindhousexxx.com) en annexe de l’imaginaire du « frère de cinéma » de QT. Comme œuvres, on y trouve forcément le très générique Tarantino Loves Feet (« Tarantino aime les pieds »), pour pornographes podologues, et l’amusant The Game of Sex, exploration de l’imagerie arts martiaux de Kill Bill (jogging jaune compris). Faute de budget et pour éviter de sombrer dans la « Chambre à coucher de Shaolin », le film emballe cela comme un cosplay de Mortal Kombat (le jeu vidéo), où l’on sort bonne humeur et pyjamas du placard.
A vue de nez, ces productions rappellent plus le premier film de QT, My Best Friend’s Birthday, par ses cadrages et le côté sympatoche, fait à la maison. C’est que Tarantino XXX n’en est qu’au début de son entreprise : on attend de pied ferme son Machete XXX, cette fois tourné en extérieur, avec un héros-titre (le réalisateur en personne) qui fait la moitié du doigt de Danny Trejo. Et son grand œuvre, qui voudrait tenter le crossover ultime, plus poussé que son modèle : il promet un Pulp Fiction XXX où Jules (le personnage de Samuel Jackson) croiserait Jackie Brown, où La Mariée (Uma Thurman dans Kill Bill) serait honorée par Butch (le personnage de Bruce Willis). Le fantasme ultime du spectateur, démonstration toute faite que l’univers de Tarantino n’est pas très éloigné des réunions de famille des superhéros Marvel.
Car lorsque Tarantino XXX fait l’acteur, il se fait appeler Tony Starx, (presque) comme l’alter ego d’Iron Man. Une schizophrénie gigogne, poussée loin puisque le cinéaste caresse aussi l’idée d’un porno mélangeant l’inceste d’Old Boy, les hallucinations de Videodrome et les rêves d’Inception. Rien que ça.
{"type":"Banniere-Basse"}