Des scientifiques italiens et américains travaillent sur des techniques d’électrostimulation du cerveau qui permettraient d’accélérer l’apprentissage.
Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” L’humain moderne a décidé de suivre à la lettre cette recommandation de Montaigne et de façonner les têtes à la chaîne. Grâce à l’électricité.
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Depuis qu’ils maîtrisent la foudre, les scientifiques n’en finissent plus de jouer avec, du paratonnerre à la chaise électrique en passant par la cafetière. Voici donc une nouvelle application : l’enseignement.
Bourrer le crâne
Deux études, l’une menée par des chercheurs italiens, l’autre par des Américains, montrent que l’électricité pourrait aussi servir à nous bourrer le crâne de nouvelles méthodes, ou en tout cas nous permettre d’apprendre un peu plus vite que nature.
Et il ne s’agit pas là de corriger à coups de décharges le rat qui s’égare dans son labyrinthe pour qu’il assimile enfin l’itinéraire le plus court. Rien à voir. Les Californiens de HRL Laboratories utilisent un casque à électrodes pour stimuler la “plasticité cérébrale”, la capacité du cerveau à se modifier.
Apprendre plus vite
Naturellement, lors d’un apprentissage, les neurones s’agencent différemment, ils créent un nouveau circuit correspondant à la nouvelle compétence. Plus on s’entraîne, plus le circuit est efficace, et plus le savoir est assimilé.
A partir de cette idée, les chercheurs ont essayé d’envoyer, à travers le crâne de volontaires, un (faible) courant électrique – parfaitement indolore – et ont réussi à accélérer les nouvelles connexions neuronales. En d’autres termes, à apprendre plus vite.
Piloter un avion
Pour tester leur système, ils ont choisi l’exemple parfait, l’archétype de la compétence complexe : piloter un avion. Ils ont observé les diverses connexions cérébrales de pilotes confirmés lors de manœuvres de navigation sur simulateur.
Se sont ensuite installés aux commandes deux groupes de profanes en la matière. Tous portaient un casque. Aucun courant ne pénétrait la boîte crânienne du premier groupe, mais les cobayes du second recevaient les petits chocs en question pour stimuler les mêmes connexions observées chez les pilotes chevronnés.
Fournitures scolaires
Résultat : les participants du groupe électrostimulé s’en sont nettement mieux sortis que les autres. La technique tient ses promesses : l’apprentissage peut bel et bien être dopé par des stimulations électriques précises et localisées.
Mais que fera-t-on de pareilles techniques ? En plus de la trousse, du compas et de l’équerre, devra-t-on ajouter le casque à électrodes sur la liste des fournitures scolaires ?
Habiles et géniaux
Tous branchés, l’instituteur abaissera le levier du compteur électrique au moment de la leçon pour mettre ses élèves sous tension et le lèvera au moment de la sonnerie. Au besoin, il enverra un petit choc supplémentaire aux cancres.
On formera par petites touches les circuits neuronaux observés chez les plus grands scientifiques. Une partie d’échecs ? On se téléchargera le cerveau de Kasparov. Un tennis ? Celui de Federer. Tous habiles et géniaux, tout de suite. Mais on risque de péter un plomb.
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