Dans son édition en kiosque aujourd’hui, France Football épingle la FIFA pour avoir attribué la Coupe du Monde 2022 au Qatar. En mars 2011, nous avions publié ce portrait de Grant Wahl, journaliste américain anti-corruption, qui dénonçait déjà les méthodes de Sepp Blatter, président de la puissante instance mondiale.
Le 2 décembre 2010, la Fifa a attribué au Qatar l’organisation de la Coupe du monde 2022. Ce jour-là, Grant Wahl a compris qu’il était temps de se mobiliser pour destituer Sepp Blatter et mettre fin à la corruption généralisée. Il est en effet avéré que trois membres du comité exécutif de la Fifa avaient reçu des enveloppes d’argent quelques jours avant l’improbable attribution de la Coupe du monde 2022 à un pays sans culture ni infrastructure footballistiques.
Grant Wahl, « le candidat du peuple »
Diplômé de Princeton et grand reporter pour le prestigieux magazine Sports Illustrated, Grant Wahl est aujourd’hui candidat à la présidence de l’instance dirigeante du football mondial. La concurrence est colossale.
Sur le trône depuis douze ans, Sepp Blatter, 75 ans, est bien décidé à y rester. Président de la Confédération asiatique de football, le qatari Mohamed Bin Hammam, l’autre candidat probable, dispose de nombreux soutiens. Face à ces deux montagnes, Grant Wahl se présente comme « le candidat du peuple » et avance avec ses armes.
Dans un article récemment publié par Sports Illustrated, il s’est payé Blatter, expliquant que le réélire équivaudrait « à faire confiance à un vainqueur du Tour de France pour mener un programme antidopage ». Dans le même article, il a surtout exposé son programme électoral.
Une candidature qui n’est pas prise au sérieux par ses concurrents
Pêle-mêle, Wahl propose l’introduction de la vidéo dans l’arbitrage, l’organisation de conférences de presse des arbitres après les matchs et l’abolition des cartons jaunes pour les joueurs qui enlèvent leur maillot après un but. Il milite aussi pour la limitation à deux mandats au poste de président et suggère la nomination d’une femme au poste de vice-présidente. Enfin, Wahl promet surtout la publication de tous les documents internes de l’instance, dans un souci de transparence que ne renierait pas WikiLeaks.
Mais si sa campagne trouve un large écho auprès des réseaux sociaux et dans le milieu journalistique, Grant Wahl doit obtenir, avant le 1er avril, la signature d’une fédération affiliée à la Fifa pour pouvoir se présenter officiellement à l’élection qui aura lieu le 1er juin prochain. Le compte à rebours est lancé, mais aucune fédération n’a encore osé défier Sepp Blatter, visiblement peu préoccupé par cette candidature. La semaine dernière, lors d’un congrès Fifa à Zurich, alors que le sujet était évoqué, le Suisse n’a pas daigné formuler le moindre commentaire. Il a chargé son secrétaire général de le faire.
« Nous, on a déjà une confédération qui nous a apporté son soutien », a ironiquement lancé celui-ci. Wahl le prend avec humour.
« Si ma candidature fait rire les gens, tant mieux, mais je suis très sérieux. Je crois que ma démarche peut amener, à terme, aux changements dont cette institution a cruellement besoin. »
Olivier Bossard