L’arrestation d’Abdeslam permet, médiatiquement au moins, de cacher ce qui restera l’une des plus grandes misères de ce quinquennat socialiste, certainement la décision la plus lâche prise par François Hollande depuis son élection.
Dans son malheur, François Hollande aura finalement eu de la chance que l’on attrape Salah Abdeslam dans son quartier de Molenbeek à Bruxelles, vendredi en fin d’après-midi. Le timing parfait. Ainsi a-t-on vu notre Président dans le bureau du Premier ministre belge Charles Michel, en liaison avec Barack Obama sur le départ pour Cuba, celui-ci félicitant la doublette franco-belge pour cette belle prise.
De quoi faire oublier à Hollande les deux tirs dans les tribunes de la semaine : d’abord le bidouillage de la loi El Khomri (tant mieux, remarquez) après que le gouvernement eut montré ses muscles et soigné sa droite pendant une grosse quinzaine ; puis l’enterrement de première classe, par le Sénat, de la fameuse “déchéance de nationalité pour les binationaux reconnus coupables d’actes terroristes” qui avait tristement occupé notre début d’année.
Rares ont été les médias français à s’indigner
Mais là n’est pas le plus gros coup de bol de François Hollande. Là où le timing de l’arrestation d’Abdeslam est absolument parfait, c’est qu’il permet, médiatiquement au moins, de cacher ce qui restera l’une des plus grandes misères de ce quinquennat socialiste, certainement la décision la plus lâche prise par François Hollande depuis son élection.
Hormis Le Monde et Libération, rares ont été les médias français à s’indigner de la signature par le président français de l’accord avec Ankara qui permet à l’Union européenne de renvoyer les réfugiés vers la Turquie. Libération raconte, dans son édition du week-end, sous la plume de Jean Quatremer : “Il y a bien les Premiers ministres luxembourgeois, Xavier Bettel, et belge (Charles Michel – tous deux libéraux) qui ont eu un peu de vague à l’âme. Tous leurs partenaires, François Hollande au premier chef, n’ont absolument rien trouvé à redire à ce que l’Union européenne renonce, temporairement ou définitivement, l’histoire le dira, au droit d’asile.”
Tout simplement ahurissant et honteux
Comprenez qu’après la signature de cet accord, et en théorie depuis dimanche dernier poursuit Libé, “tous les réfugiés et tous les migrants économiques débarquant sur les îles grecques seront renvoyés, sans distinction, vers la Turquie”.
Avec cet accord, proposé par une Allemagne plus puissante que jamais, l’UE donne en gros à la Turquie le pouvoir d’évaluer qui parmi ces réfugiés est en mesure de rejoindre l’Europe. Tout simplement ahurissant et honteux. Mais qui se souviendra que ce vendredi 18 mars, alors que la police belge attrapait Abdeslam, François Hollande signait cet accord honteux ?