Brillante brunette et version premium de la “girl next door”, Selma Blair a connu le succès au début des années 2000 en jouant dans des teen movies devenus cultes. Sa carrière aurait pu se poursuivre tel un long fleuve tranquille en suivant le créneau de la fille drôle et sexy mais elle a emprunté un chemin plus tortueux. Mais qu’est devenue Selma Blair ?
Des débuts très discrets
Dernière d’une lignée de quatre filles, Selma Blair est née dans la banlieue de Detroit au début des années 70 au sein d’une famille d’intellectuels, sa mère est juge et son père est avocat. Très jeune, elle s’intéresse à la photographie, une discipline qu’elle poursuivra durant ses études entre New York et le Michigan.
Parallèlement à cela elle développe un intérêt pour le théâtre et prend des cours d’art dramatique au prestigieux Stella Adler Conservatory. Repérée par un agent, elle fait quelques apparitions dans des publicités au début des années 90. C’est en 1995, à l’âge de 23 ans qu’elle décroche son premier “vrai” rôle dans une série télévisée pour enfants, The adventures of Pete and Pete qui reste inédite de ce côté-ci de l’Atlantique.
Deux ans plus tard, elle apparaît pour la première fois dans un film, In & Out, aux côtés de Kevin Kline (qu’est-il devenu ?) dans un rôle qui sera en majeure partie coupé au montage. La suite n’est pas de tout repos puisqu’elle enchaîne deux échecs cuisants, deux castings qui, si elle avait été retenue, auraient pu bouleverser sa carrière ainsi que nos mémoires d’adolescents téléphages de manière irréversible.
Elle avait en effet auditionné pour le rôle de Joey Potter dans Dawson, mais entre nous soit dit, on l’imagine difficilement effectuer aussi bien que Katie Holmes le petit rictus qui faisait tout le charme de Joey, et sa trademark. Selma Blair a également tenté sa chance pour incarner Buffy, la chasseuse de vampires de la série du même nom, mais c’est Sarah Michelle Gellar qui sera choisie.
Le destin réunira finalement les deux actrices quelques années plus tard avec le film Sex Intentions. Confiante malgré tout, elle enchaîne avec des courts-métrages plus ambitieux dont Debutante aux côtés de Josh Hartnett qui a remporté plusieurs prix sur le circuit indépendant. Le grand rôle finit enfin par arriver en 1999 avec le film Sex Intentions., version moderne revisitée à la sauce MTV du classique de Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses. Son personnage Cecile Caldwell, est inspiré de Cécile de Volanges, une jeune femme naïve qui se fait manipuler par Kathryn Merteuil (la marquise de Merteuil jouée par Sarah Michelle Gellar) à des fins purement machiavéliques.
Ce film pour ados deviendra culte, grâce à un casting composé des stars de l’époque mais surtout d’une scène de baiser d’anthologie entre Selma Blair et Sarah Michelle Gellar. Leux deux actrices remporteront même un MTV Movie award du “meilleur baiser” pour la bagatelle, soit la récompense ultime pour toute starlette qui se respecte.
L’âge d’or au début des années 2000
Forte de ce succès, Selma Blair continue sur sa lancée et apparaît dans deux autres comédies qui marqueront les esprits. Dans La revanche d’une blonde elle incarne une pimbêche conservatrice qui part en guerre contre la gentille cagole jouée par Reese Witherspoon. Le film n’est pas un chef-d’œuvre mais il comporte quelques fulgurances comiques qui ont su devenir cultes. En 2002, trois ans après Sex Intentions., elle retrouve le réalisateur Roger Kumble pour un sommet de la comédie américaine, Allumeuses ! (The Sweetest Thing en V.O).
Avant Mean Girls et Mes meilleures amies, ce film fait figure de pierre angulaire de la comédie féminine bien potache et absurde. Ici les femmes (Cameron Diaz, Christina Applegate et Selma Blair) portent des mini-jupes et des brushings mais n’hésitent pas à se moquer des organes génitaux de leurs copains, à chanter du Aerosmith alors même qu’elles ont la mâchoire bloquée à cause d’une fellation, et surtout d’elles-mêmes, sans jamais tomber dans le ridicule.
https://www.youtube.com/watch?v=McpP94RcBLE
Selma Blair s’évertue par la suite à cultiver une filmographie singulière faite de productions indés, on la voit notamment dans Storytelling de Todd Solondz à qui l’on doit Bienvenue dans l’âge ingrat et de blockbusters. En 2004 elle est à l’affiche de l’adaptation du comic Hellboy par Guillermo del Toro, mais aussi de A Dirty Shame de John Waters. Dans la comédie délurée du réalisateur culte de Baltimore elle donne la réplique à Tracey Ullman, reine du comique US des années 80 et à Johnny Knoxville, l’homme qui a su devenir millionnaire en faisant des conneries, c’est-à-dire en créant Jackass.
Dans une démarche toujours très rock’n’roll elle épouse Ahmet Zappa, le fils de Frank Zappa, la même année. Sortie de route et dérapages non contrôlés : L’actrice aurait pu capitaliser sur le succès au box office de la franchise Hellboy et sur son talent comique pour asseoir définitivement sa carrière mais l’histoire a prouvé le contraire. Comme elle l’admettra en interview, son divorce l’a totalement abattue et l’a conduit à faire de mauvais choix.
En effet, le reste de la décennie sera en grande partie constitué de films mineurs, pour la plupart sortis directement en DVD. Les joies de la maternité et d’un nouveau petit ami réussiront tout de même à apaiser ces échecs et tel un miracle, on la retrouve sur le petit écran en 2012. Elle y donne la réplique à Charlie Sheen dans la série Anger Management qui, contre toute attente, connaît un énorme succès. Mais le sort semble définitivement s’abattre sur elle car elle se fait virer au bout de deux saisons, à l’été 2013, après avoir ouvertement critiqué les méthodes de travail de son illustre partenaire à l’écran. La résurrection pourrait à nouveau avoir lieu à la télévision, des rumeurs l’annonce dans une nouvelle série prévue à la rentrée.
Bring back Selma !