Un ouvrage pluridisciplinaire décortique la série américaine la plus influente des années 2000.
Depuis son épisode final diffusé en mars 2008, The Wire (Sur écoute) est devenue l’oeuvre télévisuelle la plus étudiée dans le champ des sciences sociales. S’appuyant sur des centaines de témoignages et des investigations de terrain, son réalisateur David Simon a donné une force quasi documentaire à sa fresque balzacienne du ghetto de Baltimore. Avec acuité, The Wire interroge la société américaine sur ses échecs économiques et sociaux. Elle montre comment une structure socio-spatiale peut se transformer en instrument de fermeture ethno-raciale. Elle décrit également le caractère systémique de la production et de la répétition des inégalités en Amérique et insiste sur la politique du chiffre qui régit la police, la politique ou bien encore l’éducation. Aujourd’hui, la série nourrit l’imaginaire sociologique et sert de support à de nombreux cours d’urbanisme outre-Atlantique.
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Dans un ouvrage pluridisciplinaire écrit avec une dizaine de chercheurs, la sociologue Marie-Hélène Bacqué fait le point sur l’apport de The Wire et décortique le message politique caché qui est véhiculé. Car au-delà du divertissement, David Simon délivre une critique radicale de la société américaine. Celle du néolibéralisme, de la ville postfordiste et de l’abandon des pauvres et des Afro-Américains. Dans ce livre, plusieurs chercheurs s’interrogent notamment sur la vision particulièrement désenchantée de la série, laissant peu de chance aux personnages d’échapper à l’emprise des institutions ou même à la possibilité du système de se réformer. Cette analyse est d’autant plus nécessaire que la série est aujourd’hui abondamment récupérée par le rap (Booba, MC Jean Gab’1…) et par des politiques (Stéphane Gatignon) qui restreignent et instrumentalisent son message…
The Wire – L’Amérique sur écoute sous la direction de Marie-Hélène Bacqué (La Découverte), 248 pages, 24,50 €
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