L’afrobeat sans limite de Yaaba Funk, le chant du cygne de Paco de Lucía et Kassa Tèssèma dans les Ethiopiques, c’est le tour du monde musical proposé par Louis-Julien Nicolaou.
Aynur, pop flamenca pour mélodies kurdes
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Réalisé en étroite collaboration avec Javier Limón (compositeur et producteur hors norme qui a notamment travaillé pour Buika, Enrique Morente et Yasmin Levy), Hevra voit Aynur Doğan s’aventurer à une fusion inédite entre chant kurde et pop flamenca. On pouvait craindre le pire (un collage sans âme comme les producteurs madrilènes savent, hélas, si bien en proposer), mais c’était sans compter sur l’engagement d’une chanteuse habitée et l’adroit mélange d’audace et de parfait respect de son comparse. Si l’originalité des arrangements séduit, Hevra doit finalement toute sa puissance émotionnelle à la voix farouche et superbement libre d’Aynur.
http://www.youtube.com/watch?v=ZGonDl_ikYo
Le chant du cygne de Paco de Lucía
En dépit de sa renommée internationale, Paco de Lucía avait conservé un attachement profond, presque dévotionnel, pour sa terre natale. Enregistré quelques mois avant sa disparition, Canción Andaluza marque ainsi un retour à la chanson folklorique andalouse à laquelle il avait déjà consacré un disque à l’orée de sa carrière. On peut trouver une triste ironie à ce que l’ultime album du plus grand rénovateur du flamenco ne soit pas dédié à cet art, mais l’œuvre se ferme donc bien à la manière d’une boucle. Que dire de plus ? Que la bulería n’est jamais loin et l’afición partout dans ce chant du cygne d’une guitare majestueuse et humble, douloureuse et apaisée au soir d’une vie dont on mesure, une nouvelle fois, combien elle aura été trop vite écourtée.
Awa Ly, entre jazz et pop
Une discrète saudade infuse les chansons douces d’Awa Ly, Française partie en Italie chanter dans la langue de Nina Simone et Sarah Vaughan. Oscillant entre jazz, soft funk et pop acoustique, les quelques titres de l’EP paru en avant-goût de son prochain album séduisent par leur orchestration impeccable (Greg Cohen, contrebassiste de Norah Jones, Tom Waits ou Lou Reed est à la direction) et leur ambition justement calculée. Awa a fait sienne la leçon des plus grandes : elle se garde bien d’en faire jamais trop, donnant ainsi à penser qu’elle peut toujours plus.
Yaaba Funk, l’afrobeat sans limite
Né dans la chaleur de jams réunissant des Londoniens passionnés de musique nigériane et ghanéenne, Yaaba Funk – nom qui rend hommage au musicien ghanéen Captain Yaba – passe tout au filtre de l’afrobeat. Qu’il reprenne James Brown, trousse un vieux blues ou poisse un funk que n’aurait pas renié Funkadelic, le groupe ne cesse de célébrer, dans My Vote Dey Count, la suprématie du funk africain comme domaine illimité où tout style peut être assimilé et magnifié.
Kassa Tèssèma, azmari et garde impérial
Depuis 1997, l’excellent travail de réédition opéré par le label Buda Musique dans ses « Ethiopiques » invite le public occidental à explorer toujours plus en profondeur les trésors de la musique éthiopienne. Consacré à Kassa Tèssèma, soldat de la Garde Impériale et chanteur à voix de sépulcre, l’opus 29 de la collection n’est pas d’un abord aisé, tant l’accompagnement au kraar paraît austère et la déclamation primer sur les enjolivures d’un chant parfois proche du murmure. Les traductions proposées dans le livret permettent toutefois de goûter la mélancolie de ces improvisations où se mêlent amours féminines et exaltations de la patrie.
https://www.youtube.com/watch?v=8CV3V5z5C0c
Daniel Techane, l’hommage à Kassa
En complément des 29es Ethiopiques, Buda Musique publie Jammin’ With Kassa de Daniel Techane, disque conçu comme le « miroir déformant » de celui de Kassa. Ethiopien établi en Australie, Techane a samplé la voix de l’illustre azmari et l’a refondue dans une matière entièrement neuve en la parant de sonorités synthétiques, manière de toucher à l’âge d’or du Swinging Addis pour restituer un peu de son éclat à notre temps.
La quiétude mélodique du duo Ninon Colacho
Longtemps accompagnateur de Mercedes Sosa, le guitariste Nicolás “Colacho” Brizuela a trouvé en la flûtiste et bandonéoniste Ninon Valder une âme sœur avec laquelle partager les douces envolées et les méditations intimes que lui inspirent les formes traditionnelles de la musique populaire argentine. Exigeant comme l’est toute œuvre de poésie, Cuscaias ne se livre pas entier à la première écoute, il faut y revenir pour savourer pleinement la quiétude mélodique de ses milongas, zambas, boleros et tangos.
Rolê, la révolution permanente
Après avoir dressé un brillant panorama de l’underground brésilien avec Daora : Underground Sounds of Urban Brazil, Mais Um Discos, jeune label fondé en 2010 par le « gringo » Lewis Robinson, a convoqué du très beau monde pour son nouvel album, de Lucas Santtana à Rodrigo Amarante en passant par Cicero, Siba, Metá Metá, Baleia ou encore Bixiga 70. Regroupant pas moins de 43 titres, Rolê. New Sounds of Brazil met au jour tout un pan de la scène brésilienne contemporaine, une scène multiple et foisonnante qui paraît ne connaître qu’un principe : la révolution permanente.
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