Comme un arrière-goût de déjà vu…. La conférence de presse parisienne du nouveau directeur du festival d’Avignon, Olivier Py, a commencé par une prise de parole de Samuel Churin, porte-parole des intermittents du spectacle mobilisés pour défendre le statut de leur profession, unique au moment de sa création et désormais comparable à celles de tous […]
Comme un arrière-goût de déjà vu…. La conférence de presse parisienne du nouveau directeur du festival d’Avignon, Olivier Py, a commencé par une prise de parole de Samuel Churin, porte-parole des intermittents du spectacle mobilisés pour défendre le statut de leur profession, unique au moment de sa création et désormais comparable à celles de tous ceux qui, aujourd’hui, vivent de contrats réduits, dits à durée déterminée… On se souvient que la dernière mobilisation des intermittents en 2003 avait abouti à l’annulation de plusieurs festivals, dont celui d’Avignon. On se souvient et on espère que la place de la culture ne va pas, une fois de plus, porter le chapeau d’une crise généralisée et faire les frais d’une politique du pire qui s’en prend, d’abord et toujours, à ce qu’il y a de plus créatif et, forcément, de plus critique dans la société.
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Ont suivi trois heures de présentation par Olivier Py de sa première édition à la tête du festival d’Avignon qu’il a réussi à transformer en belle performance où l’humour s’est fait fort d’aborder tous les sujets, même les plus épineux, sans perdre en route l’attention du public.
On ne détaillera pas ici le contenu d’un programme dévoilé depuis hier à Avignon et lisible sur le site du festival, comme sur son compte Pearltrees qui est, pour l’avoir consulté, une mine d’informations concernant tous les artistes invités. On se contentera de tenter de faire court et pas trop confus en reprenant les lignes principales de cette édition vouée à l’émergence et à la découverte, à travers quelques chiffres égrenés avec élégance après avoir mis l’accent sur l’importance de la FabricA, comme point de jonction entre les artistes et les habitants du quartier Montclar, tout comme celle accordée au jeune public à qui est dévolue une programmation particulière. « Je vais sombrer dans un de mes défauts les plus charmants : ma passion pour la tarification », lance en préambule Olivier Py pour détailler les méandres des prix des billets en annonçant une baisse du prix des places pour les jeunes de moins de 26 ans et, par ailleurs, une accessibilité plus grande pour le public à l’achat des places. Autres chiffres parlants : 25 des artistes invités ne sont jamais venus à Avignon et la moitié d’entre eux ont moins de 35 ans ; ils viennent de 17 pays des cinq continents. Enfin, sur les 37 spectacles proposés, 28 sont des créations (dont sept sont des re-créations).
C’est par un clin d’œil à Jean Vilar que débutera cette 68e édition le 4 juillet avec Le Prince de Hombourg de Kleist dans la mise en scène de Georgio Barberio Corsetti, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes ; là aussi qu’elle se clôturera en musique avec Les Têtes raides le 27 juillet. On se réjouit d’y retrouver Claude Régy, Ivo Van Hove, Alain Platel ou Emma Dante et l’on est curieux d’y découvrir des artistes venus du Chili, du Brésil, de Grèce ou des mondes arabes, à travers le programme musical Cinq chants. Fidèle à ses passions, Olivier Py accorde une large place à la poésie, à la littérature et à un axe Nord-Sud pour interroger le politique, l’intime et la place de l’art et de l’artiste.
Enfin, les Ateliers de la pensée se dérouleront chaque jour de 10 h du matin jusqu’à la nuit dans un nouveau lieu, la cour de la Faculté des sciences, et l’on verra s’y succéder des rencontres, débats et conférences. Tout simplement parce que « la pensée est un programme en soi »…
Quant à sa volonté de décentraliser le festival dans les quartiers, elle est tout sauf de pure forme comme il l’annonce dans l’avant programme :
« Si nous voulons accomplir cette décentralisation des trois kilomètres, nous devons considérer que ce ne sont pas les quartiers qui ont besoin de nous, mais nous qui avons besoin des quartiers, ce n’est pas le réel qui a besoin de la poésie, c’est la poésie qui a besoin du réel pour échapper à l’enfermement formel et devenir une véritable quête. »
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…
Fabienne Arvers
Festival d’Avignon, du 4 au 27 juillet. Ouverture de la billetterie le 16 juin.
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