Chaque été, on se plaît à somnoler devant la Grande Boucle dont les commentaires fourmillent d’expressions étranges. Petit lexique d’un jargon étonnant.
Regarder le Tour de France est une véritable épreuve au quotidien. Il faut supporter les blagues de Thierry Adam, surmonter les leçons d’histoire-géo wikipédiesques de Jean-Paul Ollivier (surnommé Papy Wiki sur twitter) et enfin tenter de saisir l’essentiel de l’épreuve sans forcément maîtriser toutes les expressions cyclistes.
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Les commentaires et les interviews en sont truffés. Certaines sont faciles à comprendre : quand le commentateur remarque que « Brice Feuillu a une bonne patte dans la montée« , on devine que le grimpeur de l’équipe Bretagne-Séché Environnement a de bonnes sensations sur le vélo, des bonnes jambes. Il existe aussi des variantes : « avoir la chaussette légère« , « chatouiller les pédales » ou encore la très imagée « fumer la pipe« , pour un coureur en grande forme qui donne l’impression de ne pas forcer contrairement à ses adversaires.
Certaines sont plus subtiles. On entend régulièrement dans les cols : « il est passé par la fenêtre« . Le cycliste se fait alors distancer par le groupe dans lequel il roulait, n’arrivant plus à suivre le rythme. Richie Porte, leader de la Team Sky (depuis l’abandon de son coéquipier Christopher Froome), est passé par la fenêtre plusieurs fois et peine à suivre les meilleurs en montagne. Certains coureurs « font l’élastique » avant d’être définitivement distancés : ils se font lâcher plusieurs fois d’un groupe puis le réintègre. Le coureur finit dans la plupart des cas par craquer physiquement.
L’étape du 22 juillet entre Carcassonne et Bagnères-de-Luchon a été le témoin de ce phénomène, observé notamment chez le Français Romain Bardet. À l’arrivée, le coureur d’AG2R La Mondiale s’est vu rafler la 3e place et le maillot blanc (meilleur jeune), par Thibaut Pinot (FDJ.fr), plus fort dans le franchissement du port de Balès. Pour les commentateurs, Bardet aurait alors dû faire une « descente à tombeau ouvert« , c’est-à-dire très rapide, pour rattraper les meilleurs. Une tactique qui peut se révéler fatale : le Belge Wouter Weylandt a trouvé la mort lors de l’édition 2011 du Tour d’Italie (Giro) après une chute dans une descente de col.
En garder sous la pédale
La 18e étape du jeudi 24 juillet entre Pau et Hautacam sera la plus dure des Pyrénées. Certains coureurs vont peut-être tenter de « monter avec la grosse » le célèbre col du Tourmalet : effectuer l’ascension sur le grand plateau. Le coureur tourne peu les jambes, mais développe une grosse puissance à chaque coup de pédale.
Il y aura sûrement une ou plusieurs échappées, il faudra alors « prendre le bon wagon« . Des coureurs pourraient avoir l’idée de « sucer la roue » de leurs adversaires (les surveiller de près sans jamais prendre de relais) pour « en garder sous la pédale » (s’économiser en vue du sprint final) : on dit alors qu’il « court en rat« , en profitant des efforts de ses compagnons d’échappée pour tenter de remporter l’étape.
Plusieurs coureurs s’arrêteront sûrement quelques moments, soient pour « arroser les fleurs » (suffisamment explicite), ou à cause de crevaison : ils feront alors « connaissance avec la sorcière aux dents vertes » (malchance, journée difficile).
Et parce que le Tour de France est un des évènements les plus diffusés dans le monde et que le cyclisme se pratique partout, on trouve dans d’autres langues des expressions originales. Notamment en anglais où un coureur sans expérience qui se met à faire le show est appelé de manière moqueuse par les pros « Fred« , en référence au Fred Pierrafeu de la célèbre série animée du même nom. Et quand un cycliste a du « bacon« , cela signifie qu’il s’est fait une sale blessure au bras ou à la jambe et saigne.
Quant à dimanche 27 juillet, reste à espérer qu’il n’y ait pas trop de « monde sur le toit » sur les Champs-Elysées : soit des coureurs à terre après une chute collective.
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