Un Brian Wilson de bac à sable invite l’internationale indie-pop à goûter. Un nom volontairement opaque. Wasps’ nests, par The 6ths. Quatorze voix, venues de quatre continents : Anna Domino, Barbara Manning, Amelia Fletcher (l’école Sarah Records), Georgia Hubley (Yo La Tengo), Dean Wareham (Luna), Mitch Easter (Let’s Active), Mac McCaughan (Superchunk), Mark Robinson (Unrest), […]
Un Brian Wilson de bac à sable invite l’internationale indie-pop à goûter.
Un nom volontairement opaque. Wasps’ nests, par The 6ths. Quatorze voix, venues de quatre continents : Anna Domino, Barbara Manning, Amelia Fletcher (l’école Sarah Records), Georgia Hubley (Yo La Tengo), Dean Wareham (Luna), Mitch Easter (Let’s Active), Mac McCaughan (Superchunk), Mark Robinson (Unrest), Jeffrey Underhill (Velvet Crush), Robert Scott (The Bats, The Clean), une jeune légende low-fi, Lou Barlow, et une autre australe, Chris Knox. Circonspection on garde le souvenir des exactions commises par certains consortiums (de Crosby, Stills, Nash&Young chez Electronic) hâtivement baptisés supergroupes. Curiosité, surtout. Comment un freluquet allergique aux guitares a-t-il convaincu tant de bonnes fées de se pencher sur le berceau de son nouveau-né ? The 6ths, c’est l’enfant de Stephin Merritt, issu de ses amours avec les disques de Phil Spector, des Beach Boys, de Kraftwerk ou d’Abba « l’apogée de la civilisation occidentale », selon lui. Avec son groupe confidentiel précédent, The Magnetic Fields, Merritt a enregistré quatre albums et s’est fait de prestigieux amis. Ceux-ci ont laissé au vestiaire leurs ambitions propres, le temps d’une récréative cure de jouvence. Les compositions de Merritt, nourries d’une mémoire encyclopédique, sont insolites. De Darlene Love aux Ramones, il s’est entiché des rengaines bubblegum caramélisées qui firent la renommée du Brill Building, cette formidable usine à tubes des sixties où se côtoyaient Spector et Bacharach.
Ce dandy a du doigté, ses mélodies mutines dodelinent docilement, s’incrustent inopinément. Ses paroles font des claquettes c’est un roi de la rime, un as de l’assonance. Parfois, le concept trop rusé pour être honnête pointe le bout de sa vilaine truffe : Kraftwerk drague les Ronettes, le Velvet fraye avec Abba. Reste que In the city in the rain, confié à Lou Barlow, est superbement mélancolique, que You can’t break a broken heart marie crânement affliction et allégresse, et qu’il est fort amusant d’entendre une chanteuse japonaise s’approprier les accents d’Agnetha, Frida ou Debby Harry. Sous ses dehors de farceur mégalomane, Stephin Merritt sait apprivoiser les synthés, les travestir en flûtes ou clarinettes pimpantes et leur trouver de gentils camarades de jeu. Pourtant, c’est quand il renonce à faire appel au ban et à l’arrière-ban de l’internationale indie pour se résoudre enfin à chanter lui-même, sur Aging spinsters, que les touchants efforts de sa voix peu conventionnelle apportent à Wasps’ nests une émotion vraie.
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