Le festival Mo’Fo accueillait hier, entre autres, The Datsuns, Holograms et The Feeling of Love. Trois groupes de rock violent, sombre et impertinent. On y était, on vous raconte.
Les concerts s’enchaînent vite, très vite au festival Mo’Fo, qui prend chaque hiver ses quartiers au centre culturel Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). On a donc décidé de se concentrer sur la salle dédiée au rock sale et violent, sombre et brutal, qui correspond assez bien au froid glacial qui s’est abattu sur la capitale.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
The Feeling of Love ouvre le bal dans un déchaînement de spots aveuglants. Un désagrément vite oublié quand commencent à déferler les mélodies écorchées des jeunes loup de l’écurie Born Bad, qui sèment aux quatre vents leur rock incandescent depuis 2006. Concert après concert, album après EP, The Feeling of Love confirme la puissance de ses morceaux, construits à force de guitares tordues et de clavier frappé. ça sent le garage cramé sous un soleil américain, tendance The Doors (surement dû au clavier…).
Parfois, la voix du chanteur s’éteint, laissant place aux furieuses guitares. Puis, entre deux fulgurances électriques, s’insère « un slow », morceau d’une incroyable douceur, chahuté ici et là par les racines sombres d’un rock habité et chamanique. On en ressort la tête tourneboulée et le coeur battant, près à accueillir les Suédois d’Holograms.
Holograms est à l’opposé de l’image que l’on pouvait se faire d’un « groupe suédois ». Ici pas de folk barbue ni de mélodies sucrées, mais une fureur de vivre, une posture post-punk, une arrogance contagieuse qui font de leur premier album éponyme un bijou de de sauvagerie.
Le concert est à l’image de leurs morceaux : frondeur et joyeusement foutraque. Tandis que résonnent les merveilleux ABC City, Chasing My Mind ou You Are Ancient, les premiers rangs se lancent dans un grand pogo, et finissent les torses nus, dégoulinant de sueur. On a dit sauvage. Bientôt, les Suédois se lancent dans la foule, atterrissant brutalement par terre, ou parvenant à slamer dans la salle, entraînant quelques spectateurs dans leur sillage. Les coups de pied pleuvent. Le chanteur descend dans le public pour quelques couplets, avant d’abandonner son micro (encore attaché à son pied) aux mains des spectateurs euphoriques, qui entreprennent de crier dedans à tour de rôle. Jaloux, le batteur démonte son instrument pour offrir la caisse claire à l’assistance. Portée à bout de bras, la caisse est frappée du plat des mains, comme un tam-tam. L’élan est primitif, l’instant à saisir, le moment simple et jouissif. Le concert fini, une jeune fille, échevelée, repart avec la caisse claire, sous les regards médusés de quelques spectateurs.
Une courte pause et ça repart avec The Datsuns, tête d’affiche du festival. Groupe mythique du début des années 2000, The Datsuns a gravé le refrain « Motherfucker from Hell » dans plus d’une tête, à coups de cheveux longs et de grasses guitares.
Des années plus tard, rien n’a changé. Les Néo-Zélandais ont toujours les cheveux (assez) longs, la rage rivée au corps et la guitare un peu lourdingue. Les morceaux de rock tendance hard, qui donnent envie de secouer frénétiquement la tête et de lever le poing en l’air, s’enchaînent. Le chanteur nous propose au détour d’un accord de guitare de nous asseoir pour mieux nous relever en sautant quand reprendra le morceau. La moitié de la salle s’exécute, renversant des verres de bière au moment du saut, qui atterrissent sur le manteau ou la chaussure du voisin. L’ambiance est électrique. Mais attention à l’indigestion : le rock qui tâche c’est sympa mais ça peut très vite devenir écoeurant. On préfère donc s’éclipser avant la fin, avant que la sauvagerie de la soirée ne se transforme en grand n’importe-quoi, avant d’éprouver un besoin urgent de couper quelques cheveux…
Le festival Mo’Fo se poursuit ce soir, toujours à la salle Mains d’Oeuvres, avec Anika, Liesa Van der Aa, Arne Vinzon, Trust, Damon & Naomi, Richard Youngs with Damon, Ricky Hollywood, Mrs Good, Plus d’informations ici.
{"type":"Banniere-Basse"}