Any Minute Now

Désormais stars mondiales en raison de leur hobby 2 Many DJs, les deux frangins Dewaele étaient attendus de pied ferme sur le troisième album de Soulwax. A la production, le plus fantasmatique de leurs désirs de gamins : Flood, producteur de U2, PJ Harvey, Smashing Pumpkins ou Depeche Mode. Any Minute Now s’est donc fait sur la longueur, dans la douleur, et entre deux sets des 2 Many DJ’s.

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Dès son introduction tapageuse (E Talking), l’album frappe à ce point par sa différence avec ses brillants prédécesseurs. Et frappe tout court, d’ailleurs. Drôle d’objet, résolument moderne, Any Minute Now n’entre pas tout à fait dans la catégorie éculée du cross-over, ces panachages plus ou moins réussis entre pop, rock et dance ; comme les disques de Garbage ou de Primal Scream, il réussit magistralement à être les trois à la fois. Certains morceaux choisissent clairement leur camp (dont l’electro ludique NY Excuse, écrit avec James Murphy et chanté par Nancy de LCD Soundsystem ou le lubrique Please Don’t Be Yourself), mais les autres (l’énorme Any Minute Now, les tubes probables Compute ou Slowdance) naviguent librement, sans même se poser de questions.

Une oreille entend du rock, l’autre se branche sur les machines, le cerveau se fixe sur des mélodies renversantes mais ne comprend plus grand-chose ; les jambes ne savent plus quoi danser, mais remuent quand même frénétiquement. Efficacement mixé par Alan Moulder (producteur du Loveless de My Bloody Valentine) et porté par un son hallucinant de rondeur et de puissance, Any Minute Now submerge son auditeur d’uppercuts à répétition et impressionne par sa vigueur durable. « Rock ou dance, chaque personne qui a entendu l’album a sa propre définition, c’est étonnant, se marre Stephen. Pour nous, la meilleure définition, c’est un album puissant. Le reste passe derrière. » A moins, plutôt, que ce soit eux qui soient passés devant.