Ouf, Paris reste à gauche. La percée de NKM au premier tour aura inquiété jusqu’au bout l’état-major du PS parisien. Soulagée, c’est avec un grand sourire qu’Anne Hidalgo, première femme maire de la capitale, s’installe à l’hôtel de ville.
“C’est l’insurrection démocratique !” Jean-Louis Missika ne boude pas son plaisir. Il reprend les mots de l’adversaire avec la hargne du revanchard. Voilà un an et demi qu’il encadre la “longue et dure” campagne d’Anne Hidalgo, et une semaine qu’il ronge son frein devant les images d’une Nathalie Kosciusko-Morizet resplendissante, pour ne pas dire goguenarde, qui clame sa victoire à qui veut l’entendre. Cette fois, c’est lui qui domine les chiffres. “Si ce que disait NKM la semaine dernière était vrai, ce serait elle la maire de Paris. Point barre”.
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Les premiers sondages donnent l’Andalouse victorieuse avec 53,34 % des voix face à la madone de Longjumeau qui grappille 44,06 % des suffrages. La gauche gagne ainsi 91 conseillers de Paris, l’UMP en conserve 71 et Danielle Simonnet en récupère un. Mieux : dans le XIV e, où se présentait NKM, c’est encore une fois Carine Petit, socialiste relativement inconnue, qui l’emporte avec 54,6 % des voix. “La défaite de NKM est d’autant plus spectaculaire qu’un raz de marée UMP s’est abattu sur la France”, tonne encore Jean-Louis Missika. Paris tient sa première maire. Et elle est socialiste.
Croisée aux toilettes – heureux hasard – avant l’annonce des premiers chiffres, Anne Hidalgo s’est dite “raisonnablement sereine”. “Tout le boulot a été fait”. “Elle a pleuré à l’annonce des résultats, elle était très très émue”, raconte Myriam El Khomri n° 2 de la liste PS dans le XVIIIe. Et avec elle, c’est tout le QG qui crie sa joie. Il faut dire qu’Hidalgo s’est bien fait peur la semaine dernière, arborant un sourire forcé lors d’une allocution tardive. Contre toute attente, la candidate de droite a réuni plus de voix au premier tour que le bras droit de Bertrand Delanoë (35,64 % que 34,40 %). De quoi forcer l’état-major socialiste à jouer la carte de la prudence avant que “la victoire éclatante” ne soit annoncée.
“La gauche française pourrait s’inspirer de la gauche parisienne”
“Ça va nettement mieux, sourit Annick Lepetit, députée PS et tête de liste dans le XVIIe. On voyait les villes tomber les unes après les autres…” Toulouse, Limoges, Quimper… En tout, ce sont 155 villes de plus de 9 000 habitants qui passent à droite. La claque est rude, la capitale sauve l’honneur. “C’est une victoire éclatante dans un contexte national dramatique pour la gauche, insiste Missika. Nous avions la bonne candidate, la bonne méthode et le bon projet.” Jean-Marc Germain, député et mari d’Anne Hidalgo, loue à son tour l’efficacité des équipes parisiennes : “J’ai fait des campagnes avec Martine, avec Lionel, celle d’Anne est de loin la meilleure en terme d’organisation.”
Fanfaron, Jean-Louis Missika surenchérit : “La gauche française pourrait s’inspirer de la gauche parisienne !” “Difficile de dire qu’on a été meilleurs que les autres, ce n’est pas le moment”, nuance Annick Lepetit. Modeste, elle ajoute : “Il faut remercier les Parisiens, c’est eux qui ont pesé”. Quand Hidalgo entre en scène à 22 h 30, elle ne dit pas autre chose. “C’est la victoire du respect des Parisiens écoutés et consultés, quel que soit leur parcours, leur sensibilité ou leur orientation”. Aux anges, elle remercie NKM qui lui a adressé ses “félicitations républicaines”, son équipe, et n’oublie évidemment pas de rendre hommage au mentor et ami, Bertrand Delanoë.
Le IXe passe à droite
En coulisses, les résultats continuent de tomber. Le PS perd le IXe (50,36 % des voix pour l’UMP), et se maintient tout juste dans le IVe avec 50,2 % des suffrages. “Ça se joue à des poignées de voix”, commente l’entourage d’Hidalgo. Le IVe reste à droite grâce à l’alliance NKM-Tibéri (51,3 % pour l’UMP). Dans le XVe où elle se présentait, la candidate socialiste se fait laminer n’engrangeant que 36,63 % des voix. Mais dans l’immédiat, on s’en fiche, l’heure est à l’euphorie.
Hidalgo remercie ses partenaires écologistes, communistes, radicaux et même les militants du parti de gauche qui l’auront rejointe lors du sprint final malgré les directives du PG. “Paris, ce soir, a gagné. C’est la victoire de l’authenticité, de la gauche dans ses valeurs, son efficacité dans l’action.” “On a plaidé pour le rassemblement de la gauche dès le premier tour, et on a toujours été transparent sur notre alliance au deuxième avec les écolos. Les Parisiens ont validé la stratégie”, soutient aussi Missika.
Devant le QG, des militants acclament Anne Hidalgo. On scande le nom de l’Andalouse avec un plaisir communicatif. Allez, direction l’Hôtel de Ville pour la troupe euphorique. Tant pis si face à la scène montée pour l’occasion, le parvis est plutôt clairsemé. Pour les socialistes la nuit est belle – au moins à Paris.
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