Cinq remakes improbables, aventureux ou alléchants, qui sont soit terminés, soit sur les starting-blocks, soit encore à l’état embryonnaire. Dans l’ensemble, des œuvres un peu sacrilèges aux yeux du cinéphile moyen, qui ne voit pas forcément l’intérêt de refaire ce qui était déjà parfait.
L’époque est naturellement aux reboots, remakes et sequels. L’influence de la télévision avant tout, qui a prouvé que l’on s’attache mieux à un projet ressemblant à quelque chose de connu qu’à un sujet totalement vierge. Les remakes rassurent les producteurs. Il faudrait faire une analyse psychologique de cette tendance qui révèle une frilosité générale face à l’existence et à l’avenir. Mais il reste intéressant de regarder les remakes en projet ou en postproduction plus ou moins avancée, ne serait-ce que pour pouvoir ressortir notre antienne favorite : c’était mieux avant. On notera toutefois que cette notion de remake, si elle n’est pas absente en peinture (Cf. Le Déjeuner sur l’herbe), est une rareté dans les autres arts.
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https://www.youtube.com/watch?v=0qqpd8qh1W
Suspiria de Luca Guadagnino
Pas encore de date de sortie prévue pour ce remake du chef d’œuvre de Dario Argento, phagocyté par l’auteur de Amore et A bigger splash, qui a déclaré vouloir s’éloigner délibérément du style flashy et coloré de l’original. Après avoir vu les deux drames psychologiques chicos de Guadagnino, on craint le pire pour ce remake dont l’héroïne est incarnée par Chloë Grace Moretz, et où Tilda Swinton jouee la sorcière/directrice de l’école de danse infernale – cette fois située à Berlin en 1977 (l’année de la sortie du premier film). Reste du casting plutôt alléchant, avec notamment l’actrice originelle, Jessica Harper, faisant un cameo. Musique du leader de Radiohead, Thom Yorke qui ne s’était pas distingué jusque là par son esprit hyper gothique. Pas sûr qu’on se déplacera pour voir ça…
https://www.youtube.com/watch?v=t4-Wa6cqWJo
Death Wish (Un justicier dans la ville) de Eli Roth
On ne peut pas dire que l’original de Michael Winner avec Charles Bronson soit précisément notre tasse de thé, mais c’est une date dans le cinéma des seventies et le premier d’un sous-genre du thriller, le “vigilante movie”. C’est à dire celui où un citoyen lambda, écœuré par le laxisme de la police face à la délinquance, décide de se faire justice en massacrant les voyous qu’il croise dans la rue. On voit très bien le type de dérive fasciste que cela peut signifier. Charles Bronson, acteur de seconde zone est devenu une star grâce à ce filon inépuisable (qui a curieusement commencé pour lui avec le western Il était une fois dans l’Ouest, déjà un revenge movie). Le rôle créé par Bronson, celui de l’homme frappé par le meurtre sauvage de sa femme et par le viol de sa fille, est repris par l’inévitable Bruce Willis. Il est drivé par le trashy Eli Roth, qui aurait, dit-on, ajouté des scènes de tortures dans l’esprit de son Hostel.
Scarface
A ce jour, pas de réalisateur annoncé pour ce nouveau remake de Scarface avec Diego Luna, co-écrit par les Coen brothers. La lenteur avec laquelle cette nouvelle mouture du film de Hawks, désormais moins célèbre que sa version de 1983 par Brian De Palma avec Al Pacino, donne à penser que l’on est encore loin de revoir Tony Montana dans ses œuvres, malgré l’annonce persistante du projet. Restons vigilants…
Toni Erdmann
Plus étonnant, mais démontrant que le plus souvent les projets de films se montent d’abord sur des stars (et par des stars), la version hollywoodienne de cette tragicomédie teutonne, qui fut un des événements du festival de Cannes 2016. Pas de réalisateur non plus, pour l’instant, pour ce projet initié par Jack Nicholson qui, emballé par l’original de Maren Ade (laquelle ferait partie du projet, mais probablement pas comme réalisatrice), a décidé de sortir de sa semi-retraite pour incarner le père fantasque d’une femme d’affaires coincée. Laquelle serait interprétée par Kristen Wiig, ce qui n’est pas si une mauvaise idée. En tout cas, on reste curieux et même un peu impatient. Si ça se fait…
Nosferatu de Robert Eggers
On murmure beaucoup que Robert Eggers, qui a un peu rénové le film d’horreur avec une œuvre pseudo-ethnographique, The Witch, serait sur les rangs pour un nouveau remake (après celui de Werner Herzog en 1979) du chef d’œuvre de Wilhelm Murnau, qui inaugura en 1922 le genre fructueux du film de vampires au cinéma. L’actrice remarquée de The Witchet de Split de Shyamalan, Anya Taylor-Joy, serait pressentie pour le rôle de la victime du comte Orlok. Cela dit, rien n’est signé et l’acteur principal n’est pas encore casté. On suppose que ça ne sera pas Willem Dafoe, qui jouait le rôle de l’acteur Max Schreck (Comte Orlok) dans L’Ombre du vampire, fiction empesée de Elias Merhige reconstituant le tournage de Nosferatu, dont on ne garde pas un immense souvenir.
https://www.youtube.com/watch?v=Ll7zXcVJbdA
Une étoile est née de Bradley Cooper
Pour sa première réalisation, l’acteur Bradley Cooper n’a pas pris un risque immense avec une quatrième mouture du film de William Wellman de 1937. Mais là aussi l’original est moins célèbre que son premier remake de 1954 avec James Mason et Judy Garland (signé George Cukor). Cela dit, il y a eu un glissement lors de la troisième version (1976) de Frank Pierson avec Kris Kristofferson et Barbra Streisand : le couple d’acteurs qui se déchirent est devenu un couple de musiciens. Cooper semble s’être inspiré de cette version et joue une star de la country music sur la pente descendante pendant que sa compagne entame son ascension. Elle est incarnée par une certaine Lady Gaga… Quasiment le premier rôle au cinéma de la chanteuse. Ça passe ou ça casse.
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