Rubrique hebdomadaire des spectacles à ne pas manquer du 2 au 8 avril.
“Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.” C’est par ces mots qu’Yves-Noël Genod nous fournit l’antidote, le soir de la première de 1er avril aux Bouffes du Nord (jusqu’au 12 avril), à son exposé sur l’insignifiance de l’existence rapportée à l’incommensurable éternité, sur le mode qu’il affectionne tant de la digression appliquée aux penseurs, Cioran en l’occurrence. Pour finir par danser, toutes lumières allumées, insouciant et splendide, sur Emmanuelle de François Valéry.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Avant et après son intervention, 1er avril a la beauté et l’étrangeté des rêves, magnifiant et faisant résonner le théâtre des Bouffes du Nord comme rarement on l’a vu dans une succession de tableaux peuplés d’êtres à la voix d’ange – la soprano Jeanne Monteilhet et le contre-ténor Bertrand Dazin –, de performers, danseurs ou musiciens qui s’appliquent à habiter l’instant, s’en remettant, purement et simplement, à ce qu’évoquent leurs silhouettes, à ce qu’elles irradient de présence troublante. Se croiseront ainsi, sous les lumières étourdissantes de volupté et de sombres éclipses orchestrées par Philippe Gladieux, ces “guests, apparitions, fantômes et séraphins” qui ont pour nom “la femme en robe de couleur chair, l’acteur de casting, le maître des anges rebelles, l’hoplite ou la femme camping”.
Ce “son et lumière”, ainsi qu’il qualifie ce 1er avril, aura débuté par une dédicace d’Yves-Noël Genod à tous ceux qui se sont abstenus de voter aux dernières élections – “Un ouvrier sur deux, un jeune sur quatre et tous les étrangers qui n’en ont pas le droit, tous ceux qui ne viennent jamais au théâtre.” Un geste qui se fait l’écho de sa conception du théâtre : “Pour moi, je le dirais d’une manière presque provocante, c’est l’espace où – presque – la démocratie se tait… Vous savez, les défauts… (je ne reviens pas là-dessus…) de la démocratie… Une autre chose qui se tait au théâtre, se calme, s’apaise souvent – je ne sais par quel miracle – c’est tout entière la société du spectacle. Dans mon théâtre tout au moins – mais beaucoup de mes collègues se retrouvent dans ce que je dis – nous évidons le ‘spectacle’ que la société produit à flux continu. Nous déconstruisons, nous ‘disparaissons’ le Spectacle permanent pénible et indolore de la société.”
Ce soir à La Villette, démarre le festival de cirque et danse hip-hop, Hautes Tensions (du 2 au 13 avril) avec, au programme, 25 jeunes compagnies venues du monde entier. Outre les créations où, certains soirs, cirque et hip-hop se partagent le plateau, Hautes Tensions présente aussi la 2e édition du Battle de Krump, une conférence-bal sur la house dance et un concours chorégraphique qui s’adresse aux crews et aux jeunes chorégraphes de 16 à 30 ans (le 9 avril). A découvrir ce soir : Révélation de Tishou Aminata Kane et Fighting Spirit d’Ousmane “Baba” Sy, alias Babson.
On retrouve Catherine Diverrès au Théâtre de Chaillot avec Penthésilées… (du 3 au 5 avril), le “s” accroché au nom de la reine Penthésilée annonçant la structure de la pièce, scindée en deux temps, pour évoquer les figures d’hier et d’aujourd’hui auxquelles la chorégraphe rattache la vision de la femme, reine ou guerrière.
Au Théâtre de la Ville, l’artiste samoan Lemi Ponifasio (jusqu’au 5 avril), est lui aussi de retour avec The Crimson House, qui interroge l’état de surveillance généralisée du monde, avant sa création attendue dans la Cour d’honneur du Palais des Papes au prochain Festival d’Avignon.
La 6ème édition de Hors-Série International au Théâtre de la Bastille (du 2 au 9 avril), dédiée à la découverte de jeunes créateurs, accueille quatre propositions portugaises, belges et croates. On y retrouve Pieter Ampe, en compagnie de son frère Jacob et de son mentor Alain Platel dans Jake & Pete’Big Reconciliation Attempt for the Disputes from the Past (2 au 5 avril), Teresa Silva dans son solo O que fica do que passa (7 au 9 avril). Et l’on y découvre Sasa Bozic dans Love Will Tear Us Apart (2 au 5 avril) ainsi que Sofia Dias et Vitor Roriz dans Out of Any Present (7 au 9 avril).
Miet Warlop est au Théâtre de la Cité Internationale (du 3 au 15 avril) avec un spectacle tout public, mêlant performance et arts visuels, Mystery Magnet, qu’elle qualifie de “boucherie de tendresse” et où l’on peut voir des pantalons qui marchent tout seul, des tubes de peinture qui explosent en plein vol et colorent le décor, aux côtés d’un obèse affalé dans un trou du décor ou de femmes-chevaux qui galopent allègrement…
Super programmation au festival Le Grand Bain du Gymnase (Centre de développement de Roubaix) du 5 au 12 avril. Une immersion dans le paysage chorégraphique qui prend ses quartiers de Roubaix à Lille et de Villeneuve d’Ascq à Mons-en-Barœul et Armentières en présentant onze spectacles, dont ceux de Simon Tanguy, Kubilaï Khan investigations, Pierre Rigal et Hassan Razak, Daniel Larrieu, Olivier Dubois ou Emmanuel Eggermont…
Catherine Boskowitz travaille elle aussi sur la figure de Penthésilée, à partir du texte de Kleist, et la confronte à des figures contemporaines de guerrières, dont celle de Fadwa Soleiman. Présenté dans le cadre de la biennale des Ecritures du réel à Marseille (jusqu’au 12 avril), son Projet Penthésilée (le 4 avril à La Cité) se construit au fil d’escales à l’étranger (Afrique, Amérique Latine et Europe) et en France.
{"type":"Banniere-Basse"}